Février 2024, Paris, France
La 2ème partie de l’article sur Rétromobile 2024 est consacrée aux voitures à regarder, avec les stands des constructeurs, les expositions, les musées et les clubs. Revenir à la 1ère partie sur les voitures à acheter, donc les maisons d’enchères et les marchands de voiture d’exception.
Les constructeurs
Les constructeurs sont chaque année plus nombreux à venir à Rétromobile, exposant leur patrimoine mais aussi leurs derniers modèles comme les MG Cyberster 100% électrique, Porsche Panamera hybride, Renault Rafale, Skoda Superb, VW Golf 8 ou ID.Buzz, pour tenter de jouer la fibre historique. Renault avait l’un des plus beaux stands du salon, avec en vedette une réplique de l’avion Caudron-Renault Rafale des années 1930. Exploité pour des records de vitesse, le Rafale a donné ce thème au stand Renault tout en bleu, avec une réplique de la spectaculaire (5,40m, 2 tonnes, moteur 6 cylindres de 9L…) Renault 40CV titulaire de plusieurs records d’endurance en 1926, la Nervasport de 1934, qui a notamment parcouru plus de 8000km en 8 heures (moyenne 167km/) ou encore l’Etoile Filante à turbine de 1956 qui dépassa les 300 km/h sur 1km et 5km sur le lac salé de Bonneville (Utah, Etats-Unis).
Chez Porsche, les 50 ans de la technologie turbo « maison » sont à l’honneur, avec une 930 Turbo (1974) et une version course, une 935/77 « flat nose » aux couleurs Martini. Anniversaire aussi chez Mercedes qui fête les 50 ans de la 300 SL, avec un coupé « Hobel » (rabot en allemand), allégée et raccourcie, préparée pour la course mais qui n’a finalement pas couru et a servi à la mise au point de la version production, et 3 roadsters. Pas de modèle actuel, mais Mercedes met en avant son département « Heritage », qui rachète et remet en état pour les revendre d’anciennes voitures de la marque, comme les roadsters exposés.
Skoda avait sorti de son musée 3 grandes berlines Superb de 1935, 1936 et 1948, le nom étant repris pour un modèle de la gamme actuelle, ainsi qu’un petit coupé sportif 1100 OHC de 1959. Plus rare, une majestueuse Skoda-Hispano-Suiza de 1928 construite à quelques exemplaires, dont la 1ère pour le Président Tchécoslovaque de l’époque. Citroën, comme Peugeot, étaient représentés par l’association L’aventure Peugeot-Citroën-DS et les nombreux clubs. En vedettes la Traction qui fête ses 90 ans, et la CX qui fête ses 50 ans. S’y ajoutaient 2 hauts de gamme de la marque aux chevrons, la SM et une DS dans son exécution la plus aboutie, une DS 23 Pallas Injection Électronique. Par ailleurs, L’aventure Peugeot-Citroën-DS et ses musées avaient prêté plusieurs modèles pour les expositions Sébastien Loeb, Rallye Dakar et Linas-Montlhéry.
Volkswagen exposait les 8 générations de Golf, y compris la dernière version restylée qui faisait sa première apparition publique, pour les 50 ans du modèle lancé en 1974 et qui allait marquer l’histoire de la marque et plus largement de l’automobile. Curieusement, et tristement à mon gout, Volkswagen présentait des modèles assez basiques, tous gris. Du coup, cette réunion manquait de saveur, alors qu’on aurait aimé voir des GTI, G60, VR6, R32 ou des cabriolets et un peu de couleur et de peps ! Ligier, qui construit aujourd’hui (en plus des voitures sans permis) des voitures de course pour différentes catégories, rappelait ses années 1970 avec la JS2 à moteur V6 (celui de la SM et de la Maserati Merak), et son dérivé GT qui courut en championnat du monde d’endurance.
Exposition 100 ans de MG
La firme MG d’origine britannique et passée sous pavillon chinois fête ses 100 ans en 2024, l’occasion d’une grande rétrospective en partenariat avec le British Motor Museum et le club MG France. De la Old Number One, toute 1ère MG construite par Cecil Kimbe au roadster électrique Cyberster commercialisé en fin d’année, les 100 ans étaient bien couverts. L’exposition présentait un panorama de la production MG anglaise, avec les voitures de record de vitesse, les modèles de course des années 1930, les roadsters J et K des années 1930 puis MGA et MGB des années 1950/60, sans oublier les voitures de course, aussi bien d’avant-guerre que plus récentes comme la Metro 6R4 Groupe B de rallye (1985) ou la MG-Lola des 24 Heures du Mans 2001.
Une MGB GT coupée en 2, utilisée sur un salon lors de la présentation du modèle, permettait de voir toute la structure interne, châssis et moteur. Le club MG France avait aussi son stand et y présentait une belle Type PA de 1936, tandis que le magazine Youngtimers avait aussi réuni un petit plateau de MG « youngtimers », notamment 2 roadsters TF et RV8.
Exposition 100 ans de l’autodrome de Linas-Montlhéry
Le centenaire de l’autodrome de Linas-Montlhéry, situé au sud de Paris, était l’occasion d’une belle exposition qui couvrait les différents types d’épreuves sportives qui ont eu lieu ici jusque dans les années 2000. Depuis, le circuit reçoit des évènements comme des réunions de clubs ou des roulages, mais plus de compétition. Son anneau de vitesse en a fait le lieu privilégié des records de vitesse très populaires notamment dans les années 1930 puis 1950, période où la vitesse n’était pas encore un gros défaut.
Plusieurs voitures qui se sont illustrées dans l’exercice sont présentes, comme une Leyland-Thomas de 1922, une Bugatti 32 « Tank » de 1923, une Hotchkiss AM80 de 1935 ou plus récente le coupé Peugeot 404 Diesel de 1965. Bugatti 35 ou Maserati Type 26 ont participé aux Grand Prix sur le circuit, tandis que les Venturi ou Alpine A440 participaient plutôt aux épreuves d’endurance.
Exposition Rallye Dakar
Le rallye Dakar représente un autre type de compétition avec les rallyes raids auto et moto, l’espace passerelle étant le lieu d’une expo sur ce rallye. Si on retrouvait quelques voitures emblématiques du Dakar, comme la Porsche 959 de 1986 ou la Peugeot 405 Grand Raid de 1989, l’expo faisait la part belle à quelques engins exotiques dont le Dakar est familier. Ainsi la Renault KZ de 1926 qui participa au Dakar 1979 en souvenir de son périple africain de 1927, ou la Mitsubishi PX3 de 1989, évocation tout-terrains Mitsubishi des années 30 construit sur une base de Pajero.
Mais on découvrait aussi ces engins fabriqués par des pilotes artisans, comme la Renault 4 des frères Marreau (vainqueurs en 1982 sur une Renault 20 Turbo 4×4) à 4 roues motrices, le prototype « Jules » 6 roues de Thierry de Montcorgé (1984), voire encore plus étrange avec la Citroën DS 23 (1980 et 1981), raccourcie, transformée en une sorte de pick-up et emportant même un équipage de 3 personnes en 1981.
Exposition Sébastien Loeb
Le nonuple Champion du Monde des rallyes Sébastien Loeb fête ses 50 ans en février 2024. La FFSA avait donc organisé une exposition, avec la complicité notamment du Conservatoire Citroën, retraçant les grandes étapes de sa carrière. Étaient présentées la première Citroën Saxo Super 1600 qui le fera découvrir, la Citroën Xsara WRC du 1er tire de champion du Monde, la Citroën C4 WRC des titres 2008, 2009 et 2010, et enfin la Ford Puma Rally 1 de la dernière victoire au Monte Carlo en 2022.
Musées
Comme chaque année, plusieurs musées avaient amené quelques joyaux de leurs collections à Rétromobile. Le Musée des 24 Heures du Mans présentaient 2 voitures très différentes. Le Tank Chenard & Walcker de 1925, ainsi appelé en raison de sa forme particulière qui témoigne d’un début de recherche aérodynamique, est généralement considéré comme le premier prototype engagé dans l’épreuve. La Porsche 919 Hybrid, vainqueur à l’arraché de l’édition 2016 des 24 Heures du Mans, dispose d’une propulsion hybride et d’une aéro très travaillée. Le British Motor Museum avait prête plusieurs MG pour l’exposition de centenaire de la marque, et ne présentait qu’une voiture sur son stand, une Mini. Mais une Mini célèbre, la Cooper S 1963, vainqueur du Rallye de Monte-Carlo 1964 !
Le stand du Musée National de l’Automobile de Mulhouse expose une Lorraine-Dietrich Type VHH de 1910, archétype de la voiture de prestige avant la 1ère guerre mondiale. Avec son châssis, sa carrosserie, sa sellerie, sa capote et sa mécanique d’origine, elle est dans un remarquable tat de conservation. Le MAUTO (Turin, Italie) mettait à l’honneur 2 gloires sportives italiennes de 1907, avec la FIAT 130 HP qui remporta le GP de l’ACF (Automobile Club de France) et l’Itala 35/45HP vainqueur de la course Pekin-Paris cette même année 1907, 2 très belles autos représentatives des engins de course du début du 20ème siècle.
Les horlogers
Le titre peut paraitre curieux dans un article consacré à un salon automobile, mais les liens entre les industries automobile et horlogère ont toujours été étroits : chronométrage, similitude de certaines techniques, sponsoring, coopération entre marques… Ainsi plusieurs marques horlogères avaient leur stand sur le salon et exposaient montres et autos.
Richard Mille, célèbre horloger, sponsor Ferrari et grand collectionneur, profite chaque de Rétromobile pour présenter au public quelques Ferrari iconiques. Cette année, la vedette, pas très ancienne, n’est autre que Ferrari 499P vainqueur des 24 Heures du Mans 2023. Comme l’avaient déjà fait Toyota et Porsche, Ferrari a laissé la voiture dans son état à l’arrivée de la course, avec la saleté, les traces de gomme et de chocs ! Le thème du stand était donc sur les Ferrari ayant couru les épreuves d’endurance, aussi bien en GT avec une Daytona Groupe 4, une 550 Prodrive ou encore une 512BB LM, que dans la catégorie sport-prototype (les WEC actuelles), de la 250 LM de 1964 à la 312PB de 1971, en passant par une 365P (1965) et une 412P (1967), le « P » désignant les prototypes dans la nomenclature Ferrari.
Autre grand horloger et grand sponsor, notamment de courses d’anciennes, Chopard exposait une Bugatti Type 35, l’icône absolue des voitures de course des années 1920/30, une Ferrari 750 Monza Spyder de 1955, et une Mercedes 300SL Gullwing dans une curieuse couleur mauve pailletée.
Les clubs
Les clubs auto sont une composante essentielle de Rétromobile, permettant aux membres de se retrouver, aux amateurs d’adhérer, et c’est toujours l’occasion d’exposer quelques modèles emblématiques de leur marque favorite. Les marque de prestige disparues côtoient les voitures plus populaires et les marques toujours présentes. Voici quelques exemples parmi plusieurs dizaines de clubs présents, n’ayant pas la place de tous les citer. Le club Bugatti présentait notamment une Type 35 de 1925, retrouvée en très piteux état au fond d’une grange, et restaurée en respectant son âge et sa patine de voiture de course.
Voitures de course aussi chez Delage, une 15 S8 1937, et Delahaye, une 135S 1936, tandis que Facel Vega proposait un cabriolet FV1 de 1955, parmi les 1ères autos construites par la marque. Lancia dont on espère une renaissance digne de son histoire, était représentée (entre autres) par une prestigieuse et sportive Flaminia coupé et 2 coupés Fulvia Sport Zagato dont un de rallye. Pour Alfa Romeo, la sportive Giulia 2000 GTV accompagnait l’iconique Montreal. Coté Jaguar, 2 modèles représentaient 2 époques de la marque, avec une XK 120 (1952), à l’origine d’une glorieuse lignée de roadster sportifs, et un élégant coupé XJ 6 de 1976.
Motos
Pour la première fois, Rétromobile réservait une grande zone spécifique de 2 000 m² consacrée à la moto. Au cœur de la zone, une belle exposition sur la famille Monneret dont 3 générations ont fréquenté les circuits, offrait à voir presque un siècle d’évolution des motos de course.
Autour, comme pour les autos, de nombreux constructeurs (BMW, Harley-Davidson, Ducati, Indian, Triumph, Yamaha…) avaient fait le déplacement, exposant motos anciennes et actuelles. On retrouvait aussi des motos sur l’exposition sur le Dakar, ainsi que sur l’espace enchères Artcurial.
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