Visite du Musée Ferruccio Lamborghini

Mes coups de coeur   

Beaucoup de voitures rares voire uniques retracent l’aventure industrielle de Ferruccio Lamborghini et l’histoire de la marque sous sa direction. Voici mes coups de cœur dans cette visite :

  • La 350 GTV, première Lamborghini et un véritable manifeste pour la nouvelle marque
  • Le bateau de course Off-shore
  • Les prototypes qui aident à comprendre la genèse des voitures de série
  • Les Espada, je suis un grand fan de cette voiture

Ferruccio Lamborghini

Passionné de mécanique, Ferruccio Lamborghini obtient son diplôme en 1939 et se trouve mobilisé dans l’armée italienne. Fait prisonnier par les Anglais sur l’île de Rhodes, il devient mécanicien en charge du parc de véhicules de l’ile et il va se familiariser avec les engins utilisés par l’armée. Après la guerre, il ouvre un petit garage et commence à transformer en tracteurs agricoles des matériels militaires abandonnés par les alliés. En 1947, il a l’occasion de racheter un important stock de matériel, et notamment des moteurs anglais Morris qu’il connait bien pour avoir travaillé dessus durant la guerre. C’est ainsi qu’il crée le Carioca, son premier tracteur badgé Lamborghini mais qui reste principalement un assemblage de pièces récupérées. En 1951, c’est le premier tracteur de production Lamborghini, seul le moteur étant toujours le Morris. Puis arrivent les premiers moteurs Lamborghini, même si on est encore loin des puissants V12. En une dizaine d’années, Lamborghini devient le 3ème fabricant italien de tracteurs agricoles. A la fin des années 1940, il s’est aussi essayé à la course automobile avec des petites barquettes sur base Fiat, mais l’expérience s’arrête rapidement après un accident en 1948.

Le Musée Ferruccio Lamborghini

Situé au nord de Bologne dans la région d’Emilie-Romagne, le Musée Ferruccio Lamborghini est à environ 25 km du fief Lamborghini de San’Agata Bolognese. Créé en 2014 par Tonino Lamborghini, fils de Ferruccio, il rend hommage à l’ingénieur et à l’industriel à travers ses différentes créations, pas seulement les voitures de la marque éponyme. Si le musée couvre principalement la période où Ferruccio Lamborghini était impliqué, allant de la fin des années 1940 jusqu’aux années 1970, il aborde également les activités de la marque jusqu’à la reprise par Audi en 1998. D’autre part, le musée s’intéresse aussi aux autres productions industrielles de Lamborghini, au-delà des voitures. Un grand bâtiment bas, décoré de quelques silhouettes de Lamborghini, vous accueille. Immense parking, donc aucun souci de stationnement. Le musée se développe sur 9000 m², dans de vastes halls thématiques. Lumineux, aéré, le style industriel donné par les tuyauteries peintes du plafond contraste avec les grands tapis et les fauteuils qui donnent au lieu une atmosphère confortable. On fait facilement le tour des voitures qu’on peut approcher au plus près. Il n’y a pas de parcours de visite imposé, et on peut facilement revenir sur sa zone préférée. Pour cette visite, nous allons parcourir le musée en suivant un ordre à la fois chronologique et thématique, et en commençant par les voitures.

La création de Automobili Lamborghini

Fortune fait avec son activité industrielle, Ferruccio s’offre des voitures sportives, notamment des Ferrari. L’histoire qui amènera la création de la marque automobile a souvent été racontée. Ferruccio Lamborghini roulait avec une Ferrari 250 GTE et rencontrait des problèmes récurrents d’embrayage. Il fit donc monter un embrayage utilisé sur certains de ses tracteurs, dont il avait constaté la similitude avec celui de la Ferrari, et tout rentra dans l’ordre. Il en fit part à Enzo Ferrari et lui proposa un partenariat pour améliorer la fiabilité des Ferrari. Vexé, Enzo lui conseilla de retourner à ses tracteurs au lieu de vouloir conduire la fine fleur de l’automobile : « Lamborghini, vous êtes peut-être capable de conduire un tracteur, mais vous ne saurez jamais conduire une Ferrari convenablement » selon les dires de Ferruccio Lamborghini. La remarque ne plut évidemment pas à Ferruccio Lamborghini, qui décida alors de construire ses propres voitures et de défier Ferrari sur son terrain. La société « Automobili Ferruccio Lamborghini » est créée en juillet 1963, s’implantant entre Modène et Bologne, pour bénéficier du vivier d’ingénieurs disponible dans cette région, déjà à cette époque. Ferruccio Lamborghini a choisi comme emblème un taureau en position d’attaque, tête basse. C’est son signe astrologique, il s’identifie volontiers au côté fonceur de l’animal, et constitue un parfait opposé du cheval cabré de Ferrari.

La Lamborghini 350 GTV est présentée quelques mois plus tard au salon de Turin. Si l’auto fait forte impression par son coté novateur et ses performances, la marque est inconnue et l’auto restera unique. Lamborghini revient en 1964 avec la 350 GT, une élégante Grand Tourisme, plus classique par certains aspects, qui sera la première production de la marque, toujours avec le V12 de 3,5L, développant 280 chevaux. Le modèle évoluera ensuite en 400 GT, plus grande (2+2) et plus puissante. Mais c’est surtout avec la Miura présentée en 1966 que Lamborghini révolutionne le marché des sportives. La Miura est d’ailleurs souvent considérée comme la première supercar. D’autres modèles plus classiques, toujours dessinés par Bertone, complètent l’offre de la marque.

La dernière grande œuvre de Lamborghini sous la direction de Ferruccio sera la Countach, un autre coup de tonnerre dans l’univers des super sportives. Présentée en 1971, la Countach entrera en production en 1974. La crise pétrolière de 1973 mettra Lamborghini en grande difficultés, et Ferruccio Lamborghini revend ses entreprises et prend sa retraite. La firme connaitra ensuite une existence assez chaotique, jusqu’à la reprise par Audi en 1998.

Les Lamborghini de Ferruccio

Une fois passé l’accueil, on rentre dans le vaste hall : à gauche les voitures, à droite les tracteurs, et devant le passage vers une arche qui mène aux origines de la marque, entre une Miura et une Countach vers lesquelles nous reviendrons. La 350 GTV (Gran Turismo Veloce) se présente sous un grand portrait de Ferruccio Lamborghini. La carrosserie, caractérisée par son pare-brise bombé avec un essuie-glace unique et ses phares carénés basculants est dessinée par Franco Scaglione.

Un exemplaire du V12 de 3,5L pour 350 chevaux, développé en interne, trône d’ailleurs à côté de la voiture ; il est l’œuvre de Giotto Bizzarrini, concepteur du moteur de la légendaire Ferrari 250 GTO. Pour Ferruccio Lamborghini, un V12 maison est impératif pour contrer Ferrari, pas question d’aller chercher un puissant V8 ailleurs. Le châssis est conçu par Gian Paolo Dallara, jeune ingénieur venu de Maserati qui se rendra ensuite célèbre avec sa propre entreprise, par la création de nombreuses voitures de course, y compris des Formule 1. 2 exemplaires sont créés, une carrosserie sans moteur pour être exposée dans des salons et cette voiture qui sera l’auto personnelle de Ferrucio.

A côté, on trouve la Ferrari 250 GTE à l’origine de toute l’aventure, et une 400 GT 2+2. La 400 GT a succédé en 1966 à la 350 GT, avec son V12 porté à 4L et 320 ch. La 400 GT 2+2 exposée dispose d’une carrosserie modifiée offrant plus d’espace et de confort aux passagers, dans un esprit plus Grand Tourisme. Revenons un peu en arrière vers l’accueil, pour 2 autres autos entourées de cordes, une Miura SV et une Countach, 2 autres autos uniques puisque c’étaient les voitures personnelles de Ferruccio Lamborghini (ce qui explique les protections). A ce sujet, on peut juste regretter que les autos n’aient pas plutôt été installées sur de petites estrades, pour éviter ces cordes qui coupent la vue.

Avec le V12 de 350 ch en position centrale, comme sur les prototypes de course, et une ligne pure, très basse dessinée par Marcello Gandini pour Bertone, la Miura ne ressemble à aucune autre sportive du marché. La Miura marque aussi le début d’une longue coopération entre Lamborghini et Bertone, qui donnera naissance à plusieurs chefs d’ouvre automobiles. Ce partenariat Lamborghini/Bertone vient là aussi en opposition au duo Ferrari/Pininifarina. Enfin, c’est la première à porter le nom d’un taureau célèbre, tradition qui se perpétuera ensuite pour de nombreux modèles. La Miura exposée est une version SV, la version ultime de la Miura, plus puissante (385 ch) et supposée frôler les 300 km/h.

A côté de cette Miura, une carrosserie en aluminium est la reconstitution d’une Jota. Bien que produisant des voitures très sportives, Ferruccio Lamborghini ne voulait pas s’impliquer dans la course automobile, y voyant le risque d’un gouffre financier. Bob Wallace, ingénieur en charge des tests de la Miura réussit quand même à convaincre Ferruccio de lui confier une voiture qu’il voulait alléger et doter d’un moteur plus puissant. Non officiel, le projet mit du temps à se réaliser et la voiture unique fut malheureusement détruite dans un accident. Cette Jota est donc une sorte de sculpture réalisée d’après les plans d’origine

Avec la Countach, une nouvelle ère s’ouvre dans le style. La Miura présente des lignes douces, courbes, alors que la Countach est toute en angles. Ferruccio Lamborghini et Marcello Gandini voulaient quelque chose de radicalement différent, et on peut dire que le résultat a répondu à leurs attentes avec une voiture à nouveau très innovante par rapport au reste de la (petite) production de cette catégorie de voitures. La Countach définira l’orientation du style Lamborghini jusqu’à nos jours. On retrouvera les portes à ouverture en élytre, la ligne anguleuse et agressive sur de nombreuses Lamborghini jusqu’à aujourd’hui. Le modèle exposé au musée dispose de la carrosserie élargie au niveau des passages de roues, du gros aileron arrière et du spoiler avant qui renforcent l’agressivité de la ligne.

Les Lamborghini de production

Après l’accueil, le hall à gauche est consacré aux voitures Lamborghini de production. Pour l’amateur de voitures, c’est certainement le cœur du musée. La production de la plupart des modèles Lamborghini de cette période a été limitée, voire très faible. Donc les autos exposées sont rares, parfois uniques, et beaucoup de visiteurs les découvriront pour la 1ère fois. La 400 GT a connu un succès estimable pour l’époque, notamment dans sa version 2+2 avec environ 400 voitures construites. L’Islero lui succède en 1968, avec une ligne plus moderne reprenant quelques codes de style de la 350 GTV. C’est une élégante GT 2+2 toujours équipée du V12 maison développant de 320 à 350 ch selon les versions, puissance respectable pour la fin des années 1960. Mais sa finition un peu légère lui vaudra une carrière courte (à peine 2 ans pour environ 225 exemplaires) malgré les progrès de la version GTS.

La Jarama lui succède en 1970. Ligne classique pour une GT 2+2, V12 de 350 à 365 ch, mais elle aura à peine plus de succès commercial (environ 300 ex). A côté des Jarama de production, une Jarama SVR, version unique de compétition développée par Bob Wallace (voir plus haut), est exposée : carrosserie modifiée et allégée avec de nombreux panneaux en aluminium, moteur optimisé, intérieur dépouillé… Mais cette SVR resta un bel exercice de style. Malgré leur élégance et leurs performances, les amateurs attendent finalement de Lamborghini plus d’audace et d’originalité dans les lignes.

Il faut aussi dire qu’il y a en même temps dans la gamme Lamborghini une Espada présentée en 1968 qui sort du classique. Sa ligne basse, élancée, est un des autres chefs d’œuvre de Marcello Gandini, avec sa double lunette arrière et ses grandes portes ouvrant sur un habitacle lumineux et 4 places. Puissante avec son traditionnel V12 4L de 325ch puis 350 ch, capable d’emmener 4 personnes et leurs bagages à près de 250 km/h, l’Espada est unique par son élégance, son originalité et ses performances. Elle sera produite à plus de 1200 exemplaires en une dizaine d’années. Son nom ne vient pas d’un taureau, mais signifie « épée » en espagnol, référence à l’épée du matador. Outre 2 Espada de série dont une magnifique en bleu foncé, le musée expose également un des premiers prototypes qui conservait l’idée de 2 grandes portes « papillon », comme sur le concept-car Marzal d’origine. Curieusement, ce prototype est une conduite à droite. La version de série reviendra à une ouverture plus conventionnelle, mais ce prototype grand ouvert permet de mieux apprécier l’espace intérieur de l’Espada. Au fond, une autre présentation montre une Espada « éclatée », châssis moteur et suspensions au sol, tandis que la carrosserie est au mur.

La Lamborghini Urraco est présentée en 1970, mais ne rentrera en production qu’en 1972, retardée par la crise pétrolière. Également dessinée par Marcello Gandini, l’Urraco est un coupé 4 places (bon, plutôt 2+2) à moteur central. Le V8 de 2,5L plus compact permet cette configuration, et Lamborghini élargit son offre avec un modèle moins couteux. L’Urraco doit permettre à Lamborghini de venir chasser sur les terres des Porsche 911 et Ferrari Dino. Lamborghini développera aussi une version Urraco 2000, le V8 étant réduit à 2L pour satisfaire le marché italien, les autorités ayant à un moment taxé lourdement les voitures équipées de moteur de plus de 2L de cylindrée. Ferrari et Maserati effectueront d’ailleurs la même démarche à cette époque. Une carrosserie prototype montre l’une des propositions de Bertone pour l’Urraco, qui sera refusée par Ferruccio Lamborghini. La silhouette vous rappellera peut-être un autre modèle italien. En effet, anecdote amusante, cette proposition refusée servira de base pour la Ferrari 308 qui devait remplacer la Dino et que Ferrari avait confié à Bertone. La démarche était courante chez les carrossiers qui recyclaient souvent leurs concepts ou leur dessins refusés sur des projets d’autres constructeurs.

Le prototype Urraco jaune est basé sur une Urraco P300, et servit à étudier différents concepts de châssis, ce qui devait déboucher sur un nouveau modèle appelé Silhouette (non exposé ici), qui ne connut guère de succès, et deviendra la Jalpa. La Jalpa exploite le châssis et le moteur de l’Urraco, mais dans une configuration 2 places. Produite dans une période difficile pour la firme Lamborghini, et manquant d’élégance (avis personnel), la Jalpa connaitra un succès limité. Le musée expose un prototype unique de spyder targa sur base Jalpa qui sera exposé sur plusieurs salons mais jamais produit.

Dans ce même hall, la surprise est un impressionnant bateau off-shore de course. Avec ses 13,50 mètres, il dépasse largement toutes les autos produites par Lamborghini. Il est propulsé par 2 moteurs V12 de 8L de cylindrée, délivrant près de 800 ch chacun. Dérivé du bloc utilisé dans le LM-002 (voir plus loin), ce moteur avait été développé spécifiquement pour les bateaux de course. Si ce bateau date de 1992, il rappelle que Lamborghini a couru pendant de nombreuses années dans les courses offshore, remportant une belle moisson de victoires et de championnats. Il rappelle aussi que le V12 Lamborghini 3,5L a aussi été utilisé dans des bateaux de tourisme (de luxe et sportifs). Ferruccio Lamborghini avait même fait équiper un bateau Riva Aquarama de 2 V12 pour son usage personnel. Une maquette du bateau, une photo et le moteur illustrent cette association, avec en fond sur le quai une Lamborghini 350 GT qui complète magnifiquement ce tableau à hautes performances. Plusieurs moteurs accompagnent les voitures, ce qui permet d’admirer de plus près le bijou mécanique. Des photos et des plans décorent cette salle.

On trouve également quelques modèles Lamborghini produits après la cession de l’entreprise par Ferruccio Lamborghini : une Diablo, modèle qui succèdera à la Countach, et un LM-002, ou plus exactement la structure en acier de ce SUV avant l’heure. En effet, le LM-002 a été le premier 4×4 de grand tourisme, luxueux et sportif malgré ses 2,7T. C’est toujours un V12 qui officie dans la salle des machines, propulsant l’engin à plus de 200 km/h. sa consommation gargantuesque et les difficultés de l’entreprise au début des années 1980 limiteront son succès commercial, mais le LM-002 a ouvert la voie à des engins comme le Hummer en version « civile ».

La partie centrale

En revenant vers la partie centrale du bâtiment, on retrouve une évocation de la participation de Lamborghini en Formule 1. Si Ferruccio Lamborghini avait toujours été réticent à entrer en compétition, Lamborghini, alors contrôlée par Chrysler, fera une courte incursion en F1. Lamborghini sera surtout motoriste avec naturellement un V12 de 3,5L, mais aussi constructeur dans la saison 1991. Les résultats seront mitigés, avec une 7ème place pour la Lambo 291 en 1991 (GP des USA), et un podium pour Aguri Suzuki sur Larrousse au GP du Japon 1990. Quelques photos et un exemplaire du V12 témoignent de cette aventure sportive. En face se trouve une reproduction du bureau de Ferruccio Lamborghini.

Le début et l’histoire industrielle

J’ai choisi de commencer par les voitures, mais la visite peut aussi débuter par la droite du hall et replonger dans les débuts de Ferruccio Lamborghini et son histoire industrielle. On retrouve notamment 2 petites barquettes avec lesquelles Ferruccio s’essaya à la compétition. En parallèle de son activité encore artisanale de construction de tracteurs agricoles, il modifie et construit quelques autos de course sur bases Fiat, comme beaucoup de passionnés italiens à cette époque. Le musée conserve une auto développée 1946 et signée sur son capot avant, ainsi que la barquette modifiée pour courir les Mille Miles 1948. Elle aussi est siglée Lamborghini, dans une police qu’on retrouvera bien des années plus tard sur les voitures de production. La voiture a été profondément retravaillée, au niveau de sa structure comme du moteur. Cylindrée augmentée à 650 cc, allègement des pièces, régime moteur supérieur, carburation améliorée, on retrouve les ingrédients classiques de préparation pour ces petites autos. Comme indiqué plus haut, un accident mettra fin à la carrière de pilote, d’autant que le développement de la production de tracteurs réclamait plus d’attention.

On retrouve dans dans ce hall l’histoire de cette première aventure industrielle qui fera de Lamborghini le 3ème constructeur italien de tracteurs et une marque réputée. N’étant pas expert des tracteurs, je ne m’étendrai pas trop sur cette partie du musée, toutefois très intéressante à plus d’un titre. On voit la progression depuis l’assemblage d’éléments existants vers la conception complète en interne. La finition progresse, la taille aussi peu à peu, même si on reste loin des monstres actuels en comparaison. Il semble d’ailleurs que Lamborghini ait produit de nombreux modèles de tracteurs de petite taille. A côté de chaque modèle, un équipement contemporain courant (machine à écrire, tourne-disque…) permet au visiteur de resituer le modèle dans son époque.

Un modèle unique attire le regard, un tracteur 2R modifié par M. Adler Capelli en 2016 pour le centenaire de la naissance de Ferruccio Lamborghini. Carrosserie brute non peinte, surbaissé, suspensions transformées, ce tracteur a presque des allures de hot-rod. Plus surprenant encore, un hélicoptère Lamborghini : au début des années 1960, Ferruccio Lamborghini développe un prototype d’hélicoptère pour lequel il souhaite un soutien du gouvernement italien. Un prototype est construit, y compris le moteur, mais le soutien ne venant pas, le projet sera abandonné. Le style de l’engin est très spécial, avec une structure et une architecture très innovante pour l’époque. A côté de l’hélicoptère, quelques bruleurs industriels sont exposés : ce n’est sans doute pas la partie la plus excitante du musée, mais ce fut une activité importante et lucrative pour le groupe, comme d’ailleurs les blocs de réfrigération que l’on verra de l’autre côté du mur de séparation du hall. Ils montrent en tous cas la diversité des activités industrielles du groupe Lamborghini et le dynamisme de son fondateur.

Les voitures de la famille

Dans cette aile de la 2ème partie du musée se trouve la collection de voitures de la famille Lamborghini. On passe devant une curieuse Fiat Balila 2 portes, transformée avec un gazogène pendant la guerre pour pallier le manque de carburant. A côté d’une ancienne Fiat Balila des années 1930, l’exposition de voitures permet en quelques sorte de suivre l’évolution de la réussite de l’industriel Ferruccio Lamborghini. Après les Fiat Topolino puis Fiat 1400, la famille roule Alfa Romeo, Mercedes, Ford Mustang ou Porsche. Ferruccio Lamborghini possèdera aussi des Lancia, Jaguar Type E, Maserati et bien sûr Ferrari.

Parmi les modèles, on peut distinguer, une Fiat Topolino Type C de 1952, personnalisée et qui était la voiture de la seconde épouse de Ferruccio Lamborghini, une Alfa Roméo 1900 Super bicolore, sa dernière de ce modèle (il en a eu 4) et une Ford Mustang 1ère génération. On découvre aussi plusieurs 2 roues, vélos, mobylettes, scooters, motos, une petite voiture à moteur construite pour son fils Tonino en 1955, ainsi que d’autres tracteurs et chenillettes.

A l’autre bout du hall, ce sont les voitures de Tonino Lamborghini. Le fils de Ferruccio est un entrepreneur qui a développé de nombreuses activités (textile, parfums, bijoux, montres, bagagerie…) et aussi des voiturettes électriques de vile et de golf dont on peut voir quelques exemplaires. Outre 2 Rolls Royce, il y a une Puma GTV, un coupé artisanal construit en Italie sur une base anglaise (Nova), et qui se caractérise par son accès à bord particulier : le pare-brise, le toit et les portières constituent une pièce unique qui bascule vers l’avant. Encore plus curieux, un coupé AMG largement customisé, dont on laissera chacun apprécier le style… spectaculaire. Sur les murs, de nombreuses photos et posters des voitures, des usines et des personnalités liées à la marque racontent l’histoire. Quelques meubles, mannequins et objets complètent cette décoration sobre.

Conclusion

Comme dit précédemment, le Musée Ferruccio Lamborghini est majoritairement consacré à l’œuvre de « l’Ingegnere », comme on l’appelait (aussi en référence au « Commendatore » Enzo Ferrari), dans ses différents aspects industriels. Toutefois, de nombreux objets exposés font le lien entre la cession de l’entreprise par son créateur et la reprise par Audi, qui amènera la stabilité et un second souffle au constructeur, évitant clairement sa disparition. Ainsi, le musée Lamborghini « officiel » de Sant’Agata Bolognese complètera l’histoire, même s’il propose aussi quelques modèles de la période intiale. Pour nous amateurs d’automobiles, il y a de réels trésors à découvrir, plusieurs autos uniques, des prototypes qui aident à comprendre la genèse de certains modèles. Découvrir les autres facettes du personnage et ses autres activités reste également très intéressant.

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Les musées sont des lieux vivants, et donc le contenu ou la disposition peut avoir changé entre la publication de cet article et votre visite. La disposition peut être différente, des voitures peuvent être absentes (révision, entretien, prêt…) et de nouvelles ont pu rejoindre l’exposition.