Visite du Musée des Arts et Métiers

Le musée des Arts et Métiers

Le musée des Arts et Métiers, situé en plein cœur de Paris, est probablement l’un des plus anciens musées au monde consacré à la science et ses techniques. Le musée possède près de 80 000 objets et 15 000 dessins, dont seulement une petite partie est exposée. Ainsi le visiteur pourra découvrir près de 2 500 pièces, objets réels historiques, maquettes, reconstitutions, dessins qui racontent l’histoire des techniques sur 7 grandes thématiques : Instruments scientifiques, Matériaux, Construction, Communication, Energie, Mécanique, Transports. Comme on le voit, ces thèmes restent très actuels et en phase avec les besoins et développements de notre époque.

Ici nous parlerons essentiellement de la section Transports, plus particulièrement des voitures présentées, sans omettre les autres moyens de transports.

Mes coups de coeur   

Les collections du musée des Arts et Métiers renferment des pépites et beaucoup d’engins uniques. Mes coups de cœur à ne pas manquer (dans la thématique Transports) :

  • Le fardier de Cugnot, quand même le 1er engin « auto-mobile » du monde
  • L’ancienne église du Prieuré, qui abrite aujourd’hui quelques avions et une spectaculaire structure exposant des autos sur plusieurs étages
  • La F1 Renault RE 40 Turbo

Histoire du musée

Le Conservatoire National des Arts et Métiers est créé en 1794 par une loi de la Convention, avec le but de conserver les inventions techniques et industrielles, mais surtout de les présenter « en mouvement » afin d’éduquer et ainsi encourager le progrès scientifique. Plusieurs collections existantes sont réunies, et le Conservatoire s’installe en 1798 dans l'ancien Prieuré de Saint-Martin-des-Champs qu'il occupe encore aujourd'hui. Un atelier de mécanique, un bureau des dessinateurs et une bibliothèque sont rapidement établis, et les collections classées dans les galeries qui ouvrent leurs portes en 1802. Le musée des Arts et Métiers est donc installé dans ce qui fut un important prieuré jusqu’à la Révolution française. Les collections s’enrichissent régulièrement au gré des inventions, afin de répondre à l’objectif d’enseignement et d’éducation. Le Conservatoire devient ainsi un établissent de formation à part entière, avec la particularité de voir les techniques à l’œuvre, au travers des machines « en grand », de modèles fonctionnels ou à l’aide des croquis et dessins très détaillés. Les bâtiments et le musée ont connu plusieurs évolutions depuis la création, et même quelques changements de nom en gardant toutefois des objectifs similaires. Au fil du temps, les activités d’enseignement et de musée se sépareront, mais le musée reste une branche du Conservatoire National des Arts et Métiers. Devenu musée des arts et métiers, il a connu une rénovation majeure, à la fois architecturale et muséographique, dans les années 1990. L’organisation des collections suivant les thématiques date de cette rénovation, permettant des parcours de visite plus clairs et instructifs.

Les premières salles

La section Transports, comme les autres thématiques, présente de nombreuses véhicules authentiques, mais également beaucoup de maquettes, modèles réduits et dessins, notamment pour les transports maritimes et ferroviaires. Pièce exceptionnelle et l’un des joyaux des collections du musée des Arts et Métiers, le fardier de Cugnot est le premier engin automobile jamais réalisé. Le but de cette machine était de faciliter le transport des pièces d’artillerie, en remplaçant les chevaux de trait par une chaudière à vapeur qui actionnerait la roue avant motrice. Le « prototype » est construit, mais la disgrâce politique de ses promoteurs mettra fin au projet. Il est admis aujourd’hui que ce modèle authentique exposé au musée n’a probablement jamais fonctionné. Mais une réplique exacte et à l’échelle 1 a été construite par l’association « Le fardier de Cugnot », en coopération avec le musée des Arts et Métiers et a ainsi permis de démontrer que l’engin était fonctionnel !

Après la salle du fardier, une galerie présente quelques représentantes des prémices des premières « vraies » automobiles fin 19ème siècle, avec un tricycle à vapeur Serpollet et un quadricycle Peugeot. Pièces uniques car évidemment on était encore loin des productions industrielles, elles montrent la filiation avec l’hippomobile, mais aussi que les choix de motorisation ne sont pas encore finalisés. Une Ford T est aussi exposée, mais bien qu’issue de la première production de masse, ce modèle est unique par sa configuration. En effet, il a été reconstruit dans les années 1950 à la demande du musée des Arts et Métiers, mais uniquement avec des pièces d’origine. Cette Ford T est donc à la fois unique et authentique ! Dans cette galerie, quelques cycles et tricycles présentent quelques exemples des solutions qui ont été utilisées avant d’arriver à la forme des vélos que nous connaissons.

La nef de l’église

La suite de la visite vous amène dans l’ancienne église du prieuré qui a été conservée, même si elle a aussi connu évolutions et restaurations. La voute de la nef a notamment été couverte de lambris vernis et coloré. Symbole de la réaffectation des lieux, les figures de l’Agriculture et de l’Industrie trônent au-dessus de l’arc brisé qui assure la jonction entre la nef et le chœur. Ce dernier a conservé ses chapiteaux médiévaux sculptés et une certaine sobriété. L’ensemble crée un cadre très original et inhabituel pour le visiteur. Avant de vous intéresser aux voitures, faites une halte dans le chœur pour revivre l’expérience du pendule de Foucault (l’original se trouve au Panthéon) qui démontre la rotation de la terre.

Dans la nef, l’Obéissante construite en 1873 par Amédée Bollée vous accueille. Il s’agit d’un omnibus à vapeur, capable de transporter 12 passagers à une vitesse remarquable (pour l’époque) de 30km/h voire de faire des pointes à 40km/h. L’engin se conduisait (parait-il) au doigt et à l ’œil ! En 1875, Amédée Bollée parcourut les 230 kilomètres séparant Le Mans de Paris en 18 heures, performance remarquable si on considère la taille du véhicule, l’état de la technologie et surtout des routes e ce temps !

A côté, une Citroën C6G de 1931 est coupée en 2 dans le sens de la longueur, montrant la structure de sa carrosserie et des organes mécaniques. Ce modèle est rentré dans les collections telle quelle, car elle était utilisée par Citroën pour démontrer la solidité de sa structure et les innovations qu’elle présentait.

Une rampe amène au 1er niveau d’une impressionnante structure métallique sur laquelle sont exposées les voitures sur plusieurs étages. Une passerelle et des escaliers permettent de circuler dans la structure où les voitures reposent sur des poutrelles. On peut ainsi les voir sous tous les angles, y compris par en-dessous et au-dessus. On commence par une Formule 1 Renault RE40. Pilotée par Alain Prost dans le championnat du monde 1983, c’est le 1er châssis Renault entièrement en fibre de carbone, toujours motorisé par le V6 turbo de 1500cc. On replonge ensuite dans l’histoire, fin du 19ème siècle, début du 20ème. La Panhard et Levassor M2E de 1896 ressemble fort à un petit fiacre dont on aurait retiré les brancards d’attelage. On voit qu’ensuite les formes s’éloignent des carrosses ou cycles, même si le confort reste rudimentaire. On estime qu’il y en France plusieurs centaines de constructeurs au début du 20ème siècle, et les propositions sont nombreuses, que ce soit par la motorisation, le style, ou les techniques de fabrication. Ainsi, ce vis-à-vis De Dion Bouton de 1899, 4 places en « salon ». Pas forcément idéal pour le chauffeur, mais ça n’empêchera pas De Dion Bouton d’en produire 3000 unités et de devenir le 1er constructeur mondial à cette époque !

Une autre curiosité avec cette Peugeot de 1909, officiellement dénommée « Grand Tourisme ». On le voit, la notion de Grand Tourisme a beaucoup changé en un siècle. Plus étonnante encore, l’Hélica construite en 1921 par l’ingénieur Leyat et propulsée (ou tirée ?) par une hélice, comme un avion. On l’a dit, cette époque foisonnait d’innovations et de tentatives parfois très étranges. Plus terre à terre, utilitaire et pick-up avant l’heure, la Panhard et Levassor M2F du Professeur d’Arsonval, spécialement adaptée en 1898 pour ses expériences et la circulation dans sa propriété. Avec l’Hispano-Suiza K6 de 1935, on fait un bond en avant, dans le style, les performances et le luxe. Ce modèle, dans cette version Coupé de ville, représente le luxe ultime dans ces années d’entre-deux-guerres. L’Allemagne est à cette époque l’autre pays majeur producteur d’automobiles, représentée ici par une Benz 1898.

N’oubliez pas de lever les yeux vers la voute de la nef, à laquelle sont suspendus quelques pionniers de l’aviation du début du 20ème siècle.

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