Février 2024, Paris, France
Voici la 1ère partie de l’article sur Rétromobile 2024, consacré aux voitures à acheter, donc les maisons d’enchères et les marchands de voiture d’exception. La 2ème partie concerne les voitures à regarder, avec les constructeurs, les expositions, les musées et les clubs.
Tendances et impressions
Rétromobile 2024 a été un grand succès populaire avec plus de 130 000 visiteurs accueillis par 550 exposants, approchant le record de fréquentation d’avant-Covid. Encore une fois, constructeurs, marchands, accessoiristes, éditeurs, artistes, musées, clubs et associations offraient aux visiteurs un plateau exceptionnel, couvrant quasiment toute l’histoire de l’automobile. Avant de revenir plus en détails et en images sur cette édition, j’ai noté quelques impressions et tendances, avis forcément subjectif. Les constructeurs automobiles sont de plus en plus nombreux à exposer, avec l’objectif de capitaliser sur leur patrimoine pour promouvoir leur modèles actuels ou leurs services. Certains pourraient regretter de voir ici des voitures d’aujourd’hui, mais si les constructeurs jouent le jeu en exposant principalement des anciennes, c’est aussi un moyen de pérenniser le salon. Ainsi Renault avait sorti quelques pépites de sa collection, Škoda présentait plusieurs Superb des années 1930, ou MG qui était à l’honneur pour ses 100 ans au travers de ses modèles iconiques et de plusieurs engins de record.
On découvre aussi de plus en plus de voitures de course (disponibles à la vente), Formule 1 ou sport-prototypes ayant couru sur les plus grands circuits ou voitures de rallye. On peut ainsi en quelques dizaines de mètres observer l’évolution considérable de ces autos, depuis les années 1950 aux années 2000, sans même parler des années 1930 et avant. Présence croissante aussi des supercars, hypercars et autres hyper sportives (les mots finissent par manquer pour classer des autos toujours plus puissantes et extrêmes), Bugatti, Ferrari, Maserati, McLaren, Mercedes, Porsche et même plus rares, unique opportunité pour le commun des amateurs d’approcher ces voitures.
Rétromobile est aussi un grand marché, à voir tous les visiteurs qui font leurs emplettes parmi les pièces détachées, accessoires, livres, revues, modèles réduits, mais aussi pour les « vraies » autos, que ce soit par les enchères ou en constatant le nombre d’étiquettes « vendue » sur les stands des grands marchands de voitures classiques et d’exception. Et tant mieux, puisque c’est la possibilité d’admirer ces pépites entre 2 propriétaires ! Dernière impression, les Ferrari sont en très grand nombre sur tous les stands marchands (sauf ceux qui sont spécialisés sur d’autres créneaux), permettant de découvrir la quasi-totalité des modèles produits par la firme de Maranello, tourisme et compétition.
Et maintenant, on est impatient de découvrir le programme 2025 du salon qui se déroulera du 5 au 9 février.
Enchères
Comme chaque année, Rétromobile est l‘occasion de ventes aux enchères, soit sur place comme Artcurial, soit pendant la période du salon, ou pour d’autres maisons de présenter leurs ventes à venir. Artcurial était présent en force sur son territoire, avec plus de 130 autos à vendre sur 1 très grand stand. De 1897 à 2022, on revisite l’histoire automobile avec les marques et modèles les plus iconiques, de la Citroën 2 CV (populaire mais plus tout à fait abordable) aux Aston Martin, Bugatti, Ferrari et Rolls-Royce.
Citons quelques marques, dans l’ordre alphabétique pour ne pas avoir à les classer, Alfa Romeo 33 TT12 de 1975 ayant couru en championnat du monde sport, BMW cabriolets 327 (1938 et 1939) et M1 Procar (1980), plusieurs Bugatti dont une Type 57 Galibier (1934) et une Type 57 Stelvio (1936), Citroën DS 21 ie cabriolet (rare car produite à seulement 15 unités dans cette définition), DS3 WRC (2009), modèle de développement d’une future championne du Monde des rallyes, Delahaye 135 M, Ferrari 250 GT, dont la 250 California Spyder LWB, star du catalogue (mais qui n’a pas trouvé preneur, avis aux amateurs fortunés) ou une 275 GTB Berlinetta, ISO Rivolta (une Grifo série 2), Jaguar dont une XK 150, Lamborghini avec une 400GT carrossée en spyder (2 exemplaires seulement) et une Sian (série spéciale sur base Aventador mais hybride, 63 exemplaires), Maserati avec un modèle unique carrossé par Touring en 2018 sur base de Gran Turismo, McLaren Senna, Mercedes 300 SL coupé Gullwing et roadster, Porsche, Rolls-Royce, Talbot Lago T14 America de 1955…
Si Osenat organisait sa vente Rétromobile dans sa salle de vente parisienne, les voitures étaient exposées sur le salon. Neuf voitures françaises, Delahaye 235 et 135 dans différentes carrosseries, Talbot-Lago T150 et T23 représentaient des marques prestigieuses aujourd’hui disparues. 2 Alfa Romeo originales de 1959 et 1963 annonçaient une prochaine vente autour de la marque Milanaise. Chez Aguttes, on remarquait 3 Pegaso, occasion rare puisque moins d’une centaine de voitures ont été construites au début des années 1950 par la marque espagnole. L’une d’elles a été recarrossée en spyder « Le Mans », rappelant la tentative de Pegaso sur les 24 Heures du Mans. Mentionnons aussi une Porsche 910 avec un joli palmarès, et une Delahaye 175 S Roadster de 1949. Ces autos feront partie de la vente Aguttes de printemps, le 10 mars 2024 à Paris.
Bonhams présentait également des opérations à venir, avec une Mercedes-Benz S-Type Sport-Tourer de 1928, une Jaguar Type-D « Continuation », reproduction à l’identique par Jaguar Classic de la Type-D de 1955 (25 unités), et une pièce unique sur base de Ferrari F12, une spectaculaire Touring Superleggera Aero3 présentée en 2015, avec notamment un aileron arrière en queue de requin comme sur les F1 et proto d’endurance actuels. RM Sotheby’s avait tenu sa vente Rétromobile le 31 janvier au Carrousel du Louvre. Son stand annonçait donc des ventes à venir, avec notamment une magnifique F1 Ferrari de 1954, une Ferrari 400 Superamerica cabriolet, et une Maserati MC12, supercar de 2004.
Beaucoup plus ancienne, une Mercedes Simplex 60HP carrossée « Roi Des Belges » de 1903 était annoncée au-dessus de 10M de Dollars chez Gooding !
Marchands
Chaque année, les grands marchands internationaux de voitures d’exception se donnent rendez-vous à Rétromobile, et surtout donnent rendez-vous à leurs clients ! Allemands, anglais, belges, hollandais, suisses et bien sûr français offrent des stands qui rivalisent par la taille, la qualité de présentation et évidemment le niveau des voitures proposées. 2 Ferrari 250 GTO et des 250 et 275 en nombre, des Mercedes 300SL, des Jaguar Type-E, des Ford GT40, des Formule 1 et des sport-prototypes d’endurance, des anciennes restaurées ou dans leur jus, des récréations, il y en avait pour tous les gouts et tous les styles, à défaut de toutes les bourses ! Avec près d’une cinquantaine de marchands, difficile de faire un compte rendu exhaustif, donc je vais me « contenter » de picorer chez les uns et les autres les plus rares, originales, spectaculaires…
Chez Aaldering, outre un duo Ferrari Testarossa et Lamborghini Countach qui rappelle la compétition entre les 2 rivaux, une Ferrari 250GT SWB et une 278GTB, une Bizzarini 5300 GT (une vraie) représentaient les années 1960, aux côtés d’une beaucoup plus récente (2007) Bugatti Veyron 16.4. Autre rivalité chez Axel Schuette avec une BMW 507 Roadster (1958) et une Mercedes-Benz 300SL Roadster (1961), aussi belles et désirables l’une que l’autre, à moins de préférer plus vintage avec une Bentley 4,5L « Le Mans » de 1929, un modèle d’origine construit par Bentley pour la route mais avec les spécifications des voitures ayant couru et gagné les 24H du Mans.
Chez Fiskens, la vedette était certainement l’ensemble « Écurie Ecosse », camion transporteur et 3 Jaguar. Cette équipe de course célèbre faisait courir Jaguar dans les années 1950 et a remporté les 24 Heures du Mans. Le camion offrait une petite zone de vie, et pouvait transporter 3 autos, dont 2 sur le toit. Il est présenté sur le stand avec une Type-C de 1952, une Type-D de 1956 sur le toit et une XK120 LT2 Light Weight de 1951 à l’intérieur ! Toujours dans la thématique 24 Heures du Mans, on admirait une Porsche 911 GT1 EVO (1997) et une Peugeot 908 HDI (2011), à côté d’une Formule 1 Brabham Cosworth de 1969, pilotée en son temps par Jack Brabham et Jacky Ickx. Exposée mais pas (encore) à vendre, une rarissime Aston Martin Walkyrie, dernière Hypercar Aston Martin conçue en coopération avec l’écurie de F1 Red Bull, dévoilait ses courbes.
Chez Girardi, le stand est dédié au cheval cabré, avec en vedette une Ferrari 250 GTO 1964. Elle est entourée de quelques joyaux venus des circuits, comme une 375MM (1953), une 512M (1970), une 333SP (1994) ou encore une 550 Maranello « Prodrive » (2002), ou plus raffinées comme la 275GTB coupé ou le spyder 365GTB/4 Daytona.
Joe Macari est un spécialiste Ferrari établi près de Londres, et propose donc logiquement aussi quelques Ferrari, 250GT SWB (1961), 250GT Lusso (1963) ou un splendide Spyder Daytona bleu. On reste en Italie avec une Lamborghini Miura S noire, ou une Maserati MC12 GT1. Pour aller affronter les circuits, mentionnons une Lister Jaguar 1959, une Porsche 917K de 1971 ou une McLaren F1 GTR de 1995. Mais le top du stand est la paire de Formule 1 proposée à la vente, une Ferrari 310B de 1997 (Schumacher) et une McLaren Mercedes MP4/21 de 2006. On constate tout de suite les énormes progrès effectués en aéro en moins de 10 ans. Il y a aussi un bon significatif entre le volant out simple de la Ferrari et celui bardé d’électronique de la McLaren.
Une 2ème Ferrari 250 GTO était exposée chez Kidston. Rappeler que la 250 GTO est estimée à plus de 50 millions d’Euros donne une idée de la valeur du plateau réuni sur Rétromobile ! Kidston exposait aussi 2 Ferrari 275 GTB (coupé et spider), ainsi qu’une Ferrari Daytona Spider. Quand on sait qu’il y a eu environ 120 Spyder produits, on peut considérer que ce modèle était bien représenté ! L’Aston Martin DB3S de 1955 courait dans les épreuves d’endurance dans les années 1950 avec un certain succès. La Schuppan-Porsche 962 CR de 1992 a été construite à 7 exemplaires par l’ancien pilote Vern Shuppan sur base de Porsche 962 en souvenir de ses victoires sur Porsche au Mans et au Japon.
Lukas Huni exposait l’une des voitures les plus mythiques de la production automobile, toutes périodes confondues, une rarissime Bugatti 57 Atlantic (reconnaissable à sa « crête » rivetée sur le haut de la voiture), seulement 4 modèles produits, dont 1 a mystérieusement disparu. L’historique du modèle exposé est un peu chaotique, mais elle n’en reste pas moins un chef d’œuvre du design automobile. L’Alfa Romeo 8C 2300 de 1932 est aussi une voiture exceptionnelle, puisqu’il s’agit de la vainqueur des 24 Heures du Mans 1932 ! L’Aston Martin DB3S a aussi un beau palmarès, notamment une 2ème des 24 Heures du Mans 1956 avec Stirling Moss et Peter Collins. D’autres icônes du sport automobile liées à cette épreuve sont aussi exposées, une Ford GT40 et une Ferrari 375 MM Spider identique au modèle vainqueur des 24 Heures 1954. Encore une icône avec la Maserati 250F, Formule 1 des années 1955-1960.
Il fallait aller au bout du Hall 1 pour trouver 2 stands plus petits, moins luxueux en apparence, mais qui reflétaient l’une des tendances de ce Rétromobile 2024. Messina Classics et Car Collector exposaient une sélection des super/hyper cars récentes ou actuelles les plus rares. Une triplette de Porsche chez Messina présentait la saga des supercars de Stuttgart, avec une 959 (1986), une Carrera GT (2005) et enfin la 918 Spyder (2015). La 959 présente la particularité d’avoir été la voiture de test de la 959, et donc d’avoir roulé aux 4 coins du monde, et de ce fait d’avoir aussi été utilisée par le Dr. Ferdinand Piech lui-même. Encore plus récente, une Mercedes-Benz AMG Project ONE de 2023, donc pour le moment pas disponible à la vente (sur ces sériées rarissimes, les constructeurs interdisent la revente avant un certain temps pour essayer d’endiguer la vague de spéculation). Et au milieu de cette horde de chevaux germaniques, une McLaren Senna !
Sur le stand Car Collector, on monte encore d’un niveau, avec 2 Bugatti, une EB 110GT de 1994 de l’époque où Romano Artioli avait tenté de relancer la marque, et une Centodieci de 2022. Ce modèle basé sur la plateforme de la Chiron, rend à la fois hommage à la EB 110 et aux 110 ans de Bugatti (d’où son nom), et est le premier de la série de 10 exemplaires. La Pagani Zonda Cinque Roadster de 2009 est une série encore plus limitée, 5 unités d’où son nom. Les Koenigsegg sont produites à l’unité en Suède, et l’Agera n’a été construite qu’à 7 exemplaires, celui proposé étant le prototype présenté à Genève en 2010 et ensuite utilisé par le constructeur pour des tests.
Comme je l’ai dit plus haut difficile d’être exhaustif, alors citons pêle-même. On retrouvait pas mal de Bugatti au fil des stands, Type 37 (Fine Automobiles, Ivan Dutton), type 44 (Ivan Dutton), Type 51 (Arts and Cars), Type 57 (Vintage & Prestige, Volante). Vintage & Prestige présentait aussi une recréation du monumental coupé Royale Esders de 1932. On assiste d’ailleurs de plus en plus à la récréation de ces modèles rarissimes, dans le meilleur des cas avec des éléments mécaniques d’origine. JD Classics s’est fait une spécialité de ces recréations, comme « True Spirit of XJ13 » (l’esprit de la XJ13), réplique unique de la Jaguar XJ13 qui devait courir les 24 Heures du Mans 1966, animée par un V12 conçu pour cette voiture. Dans un esprit similaire, la Bentley Continental La Sarthe rend hommage aux Bentley des années 1950, des liens entre Bentley et les 24 Heures du Mans, mais avec une mécanique et un équipement moderne.
Il y avait aussi des Alfa Romeo 6C et 8C, réputées en course dans les années 1930 (AVC Prague, British Sport Cars, Fine Automobiles, Lukas Huni). En plus des modèles déjà cités, les gloires des années 1950 et 1960, Aston Martin DB4, DB5 ou DB6, Jaguar XK 120 et XK 150, Type E coupés et cabriolets, Ferrari 250 et 275, Mercedes 190 et 300SL faisaient saliver !
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