Introduction
Pendant 3 jours, le centre d’exposition Eurexpo de Lyon s’est transformé avec le salon Epoqu’auto en un véritable musée éphémère, réunissant plusieurs centaines de voitures. Il y avait d’une part plusieurs plateaux constructeurs ou thématiques, avec notamment Cadillac, Peugeot et Talbot à l’honneur, près de 180 clubs auto exposant également des autos, de nombreux marchands locaux ou nationaux, quelques maisons de vente aux enchères, sans oublier les musées et institutions. Le salon accueillait aussi de nombreux artisans et vendeurs de pièces, accessoires, livres, revues et modèles réduits, ainsi que de nombreux artistes proposant des œuvres évidemment autour de l’automobile.
Mes coups de coeur
Quelques coups de cœur forcément très subjectifs dans toutes les merveilles exposées…
- Les Talbot Lago T26 Course et T150C SS « goutte d’eau » pour le sport et l’élégance
- Les Peugeot 208 T16 Pikes Peak et 3008 DKR Maxi hors normes !
- Les 2 Formule 1 de François Cevert chez ELF, pour la nostalgie et le souvenir
époqu’auto
époqu’auto présente la particularité d’être organisé par une association, et ce ne sont pas moins de 300 bénévoles qui œuvrent toute l’année à la préparation de l’évènement, et bien sûr à l’accueil du public durant le salon. Pour sa 44ème édition, époqu’auto s’était installé sur 6 halls complets, plus la Place d’accueil d’Eurexpo, soit environ 80 000m². Sur les 3 jours du salon, 95 000 visiteurs ont été enregistrés, soit une progression de 12% ! La passion pour l’automobile est bien vivante ! Rendez-vous est déjà pris pour la 45ème édition, du 8 novembre au 10 novembre 2024. Quelques thèmes sont déjà connus, avec une rétrospective Hotchkiss, les 100 ans de MG et à nouveau un plateau consacré aux voitures de rallye.
Peugeot
Peugeot était l’un des constructeurs à l’honneur sur cet époqu’auto 2023. Les organisateurs et le musée de l’Aventure Peugeot avait réuni 50 modèles marquants, répartis en 3 plateaux. Un premier plateau en partant de l’accueil exposait 4 modèles, 2 concepts et 2 voitures de record. e-LEGEND présenté en 2018 voulait exprimer une voiture électrique désirable avec une carrosserie rappelant le coupé 504, tandis que le cabriolet 505 avait été étudié en vue du marché américain. En 1932, Peugeot présente la 301, et pour en assurer la promotion développe cette 301 Miramas sur la même base mécanique, mais destinée à battre un record d’endurance (24 heures à 110 km/h de moyenne). Plus récente (1965), la 404 diesel de record est un cabriolet recarrossé en monoplace pour battre des records d‘endurance, afin de démontrer le savoir-faire de la marque sur ces motorisations.
Le second plateau est consacré à la compétition, et montrant la variété de terrains où la marque a remporté ses succès. En rallyes, de la 404 multiple vainqueur dans les années 1960 en Afrique et notamment sur l’East African Safari, puis le coupé 504 V6 qui lui succède dans les années 1970/80 jusqu’aux 205 et 206 WRC, en passant par la 306 Maxi ou la 104 ZS. Il y avait aussi les 205 T16 et 405 T16 victorieuse du Paris Dakar, et la plus récente 3008 DKR Maxi vainqueur en 2018 en Amérique du Sud.
Très spectaculaires, les 2 autos préparées pour la course de cote de Pikes Peak aux États-Unis, la 405 T16 victorieuse en 1987 (Ari Vatanen) et 1988 (Robby Unser), et la 208 T16 menée à la victoire par Sébastien Loeb en 2013. Peugeot sport, c’est aussi Le Mans avec la 905 Evo 2.2 de 1993 et la 908 HDI FAP de 2009.
Au cœur du Hall 5, un 3ème plateau exposait 31 voitures datant de 1891 à 1985, avec notamment de nombreux cabriolets qui étaient souvent les modèles les plus désirables et les plus rares. La plus ancienne était une Type 3 de 1891. Une limousine de 1909, donne une idée de la voiture de luxe de l’époque avec son habitacle capitonné. Dans les autres curiosités, la Bébé Lion de 1913 sur un concept d’Ettore Bugatti ou la VLV électrique construite pendant la guerre.
Puis on retrouvait les 201, 202, 301, 401 et 402 d’avant-guerre, dans différentes carrosseries. Plusieurs cabriolets, avec une 401 Eclipse, premier cabriolet de production à toit rigide escamotable avec une commande électrique, et un rare et splendide roadster 402 Darl’Mat Special Sport de 1937.
La période après-guerre débute avec une originale 202 Limousine Commerciale à carrosserie bois. Puis on retrouvait la 203, avec un cabriolet Darl’Mat construit à seulement 3 unités, celui-ci étant le seul restant connu, une 203 berline découvrable, et les cabriolets 403, 404, 204 et 504. Quelques coupés comme la 204 et la 104 Z s’étaient glissés dans cette réunion de famille.
Talbot
Si Talbot a connu une existence assez chaotique avec de nombreux propriétaires, la marque a connu des années de gloire entre les années 1920 et 1950. Le constructeur proposait des modèles sportifs et luxueux, habillés par les meilleurs carrossiers, notamment après le rachat par Anthony Lago en 1934. Ces autos ont gardé une aura dans le monde de la voiture de collection. Talbot a aussi remporté de nombreuses courses, en Grand Prix et en endurance comme aux 24 Heures du Mans.
Sans surprise, c’est donc cette période riche entre 1923 et 1954 qui était représentée par une vingtaine de voitures. Autant dire que sur ce plateau, on a principalement à faire à des modèles rares, voire uniques. La plus ancienne est une DC Sport de 1923, et la plus récente une America de 1955, équipée d’un moteur BMW. Ajoutons aussi à cette sélection une très belle T150 C spéciale roadster (1937), et une T23 carrossée par Chapron en cabriolet, modèle unique fait sur demande de Talbot.
Toutefois, les 2 stars de ce plateau sont (avis personnel) la 26 C de course, monoplace de Grand Prix vainqueur de plusieurs courses entre les mains de Louis Rosier, et la sublime T150 C-SS de 1938 avec carrosserie Figoni & Falaschi « Goutte d’eau ».
Cadillac
Cadillac était la 3ème marque à l’honneur sur époqu’auto 2023, avec 2 plateaux dédiés et plus de 20 voitures. Le premier plateau, situé sous le dôme d’accueil expose des cabriolets des années 1950, période faste pour Cadillac, avec des voitures démesurées, des ailerons évoquant l’aviation et l’espace, des chromes et des décorations, mais aussi de nombreuses innovations techniques, Cadillac devenant la vitrine technologique du groupe General Motors.
Les intérieurs sont à la mesure de ces carrosseries exubérantes, en termes de confort et d’équipements. Une berline à portes arrières antagonistes complète ce plateau, une rare (à peine 300 unités produites) Series 70 Fleetwood Eldorado Brougham qui se voulait l’exécution la plus luxueuse et sophistiquée de la marque. A part sous le dôme, près de la scène, était exposé une voiture exceptionnelle, la Cadillac Series 62 de Johnny Halliday, qu’il avait fait customisée aux Etats-Unis.
Le plateau historique présentait une quinzaine de modèles allant de 1910 avec la 30 Touring, er modèle de Cadillac présenté en carrosserie dite « roi des belges » à une Seville Sedan (berline) de 1982. On pouvait admirer quelques autos représentatives du style des années 1920/1930 avec la V61 de 1923 équipée du premier V8 Cadillac, développé pour le confort et la souplesse de conduite plus que la performance pure, 3 modèles 1931 présentant les 3 motorisations proposées par Cadillac avec la 355 A et son V8, la 370 A équipée du V12 et le summum avec la 452 A et son V16, premier moteur de ce type au monde. Clin d’œil au milieu de ces imposantes voitures, un aspirateur Cadillac, la marque s’étant aussi lancée dans l’électro-ménager !
La Series 61 de 1939 en berline découvrable présente un style flamboyant avec sa grande grille de calandre arrondie et chromée et la roue de secours sur le côté. Le coupé Eldorado de 1979 est une transformation d’un carrossier californien. Il reprend la même disposition de roue de secours, mais ici elle est factice !
Rallye
Dernière section thématique, le plateau rallye expose des voitures du groupe Stellantis. Il faut dire qu’avec la fusion des groupes PSA (Peugeot, Citroën, DS, Talbot, Opel…) et Fiat (Fiat, Lancia, Alfa Romeo…), on a là une bonne partie des stars du rallye des années 1960 au années 2010. Une douzaine d’autos permettent de voir l’évolution des voitures de rallye, de la DS 21 Proto de 1969 ou l’Alfa Romeo Giulia GTA (1967) à la lignée Citroën Xsara, C4 puis DS3 WRC, en passant par les mythiques Lancia Fulvia HF (1972), Statos HF (1974) et Delta Intégrale (1991) ou les Peugeot 205 T16 (1986) et 206 WRC (1999).
La sélection est complétée par 3 autres championnes du groupe, la Fiat 131 Abarth, la Talbot Lotus et l’Opel Ascona 400.
Compétition
Outre les voitures déjà citées, plusieurs stands présentaient des voitures de compétition. ELF rendait un hommage à François Cevert pour l’anniversaire de sa mort en 1973, avec une expo de photos, quelques planches d’une BD à paraitre début 2024 (Éditions Paquet), mais surtout 3 voitures qu’il a pilotées, 2 F1 (March 701 de 1970 et Tyrrell 006 de 1973) et une Matra MS 650 du Mans.
Autodiva (magazine sur l’histoire de la course automobile) présentait une barquette Abarth 3000 prêtée par le musée de Savigny lès Beaune, ainsi que quelques Marcadier, constructeur lyonnais de voitures de sport et de course.
Musées et institutions
L’association des 3A organisatrice du salon présentait une authentique sportive lyonnaise avec une La Buire de 1923 ayant probablement couru le GP de Lyon 1924 entièrement restaurée. La FFVE (Fédération Française de Véhicules d’Époque) exposait 3 supercars, une Ferrari F40, une Venturi 400 GT, et entre les 2 une Bugatti EB 110 faisant en quelques sorte le lien entre la France et l’Italie.
Outre la Talbot Lago T26 C présentée dans la rétrospective Talbot, le Musée Henri Malartre (situé juste au nord de Lyon) exposait une autre sportive avec la Rolland Pilain A22 Grand Prix gagnante du GP d’Espagne 1923. Plus calme et plus ancienne, la Peugeot Type 24 date de 1899 transporte ses passagers en vis-a-vis.
Le Musée National de l’Automobile de Mulhouse exposait la Bugatti Type 32 « Tank » de 1923, qui vient de connaitre une restauration complète à l’occasion de son centenaire. Cette auto est le seul exemplaire encore existant de ce modèle Bugatti préparé pour le GP de l’ACF 1923. Si la Bugatti répondait à une recherche aérodynamique pour la compétition, la Panhard-Levassor Coach Dynavia de 1948 est aussi le fruit de recherches aérodynamiques. La Dynavia atteint 130 km/h et ne consomme que 3.5 L/100km avec son petit moteur de seulement 28 chevaux.
Les clubs
De très nombreux clubs régionaux ou de constructeurs avaient aussi répondu présents. Renault était notamment venu en force, avec des modèles de sa collection et la présence de plusieurs clubs. Comme à Rétromobile, la Twingo fêtait ses 30 ans avec une sélection de modèles de la 1ère génération. Également vues à Rétromobile et sur d’autres évènements, la monstrueuse R5 Turbo 3E et l’originale « Mute the hot rod » « carburent à l’électrique, il faut bien essayer de projeter fun et électrique ensemble… Plus vrombissante, des Gordini, de la Dauphine à la R12 et des Alpine A 110 et A 310 parlent sport et course.
L’histoire n’est pas oubliée, avec une Type AX de 1908, une superbe Vivasport de 1935 et les pimpantes Floride et Caravelle des années 1960.
Choix forcément subjectif, quelques autos originales sur les stands, comme ce coupé DS 19 « Dandy » Chapron, un très beau roadster Georges Irat 1938, une barquette CG (moteur Simca), un break de chasse Jaguar XJS Eventer, et bien sur plusieurs barquettes et coupé Marcadier, régional de l’étape.
Mention aussi pour Aston Martin, le concessionnaire et le club de propriétaires avait réuni autour de la nouvelle DB 12 quelques joyaux historiques : DB 2, DB 5, DB 6 ou DB S.
Les marchands
Plusieurs spécialistes de la voiture ancienne et sportive avaient fait le déplacement, notamment quelques spécialistes Porsche de la région, exposant des Boxster et 911 de toutes générations.
Il y en avait pour tous les gouts, sinon pour toutes les bourses ! Italiennes avec Ferrari, Maserati, Lamborghini mais aussi Lancia Flaminia Zagato, anglaises avec Aston Martin DB 2, DB 4, Jaguar XK 120, XK 140 ou Type E ou Austin Healey, allemandes avec des BMW coupés 2000 et 3000 des années 1960 ou encore un rare roadster Z1, des Mercedes SL 190 et un grand choix de SL génération « Pagode » dans diverses cylindrées, des Cobra et Mustang américaines.
Parmi les curiosités, il y avait plusieurs spécialistes de la remise à niveau des Fiat 500 (la vraie, le pot de yaourt), qui sont remises à neuf, voire plus que neuves dans des couleurs pimpantes et flashy, bien équipées… et pour le prix d’une citadine moderne !
Les maisons de ventes aux enchères
Plusieurs maisons de ventes aux enchères actives dans le monde automobile étaient présentes sur époqu’auto 2023. Artcurial annonçait sa grande vente de Rétromobile 2024 avec une réplique de Bugatti 35 du Grand Prix de Lyon 1925, qui présente la particularité d’intégrer de nombreuses pièces d’origine. Bonhams annonçait aussi sa vente de février (au moment de Rétromobile) avec une Maserati A6 1500/3c Gran Turismo Coupé de 1951, matching numbers.
Aguttes annonçait sa vente de fin novembre avec notamment la Delage D6 3 Litres Le Mans de 1939, un bijou doté d’un sérieux palmarès, terminant notamment 2ème aux 24 H du Mans 1939. Cette Delage a ensuite couru jusqu’au milieu des années 1950, et a bénéficié d’une solide restauration digne de ce monstre sacré. Moins connue, la BALSA spéciale est aussi une voiture de course construite par un pilote artisan ayant aussi écumé les circuits dans les années 1950. On sait que les sorties de grange attirent les collectionneurs, et Aguttes exposait une Ferrari 365 GT 2+2 de 1968, avec seulement 38 000 km au compteur. L’autre sortie de grange est une Jaguar Type E 3,8L cabriolet de 1961 « Flat Floor », qui ressort après 54 ans dans une collection. 2 autos matching numbers, avec un historique connu, ce qui n’est pas souvent le cas pour une sortie de grange.
Mais c’est naturellement la maison Osenat qui présentait la plus grande sélection puisque la vente avait lieu le dimanche sur le salon où les lots étaient évidemment exposés (une vente de motos et d’automobilia était aussi proposée le samedi). Près de 80 voitures de tous âges et toutes catégories étaient proposées. Renault Type D 1901, BROUHOT D1 1904, Darracq Torpédo 1910, Clément Bayard 1912 ou Turcat Méry 1920 faisaient figure de pionnières de la route, plusieurs roadsters anglais classiques Austin Healey, Jaguar, MG, Morgan et Triumph ou plus rare Jensen Healey, de belles italiennes Alfa ou Lancia…
Ajoutons quelques bêtes de rallye Alpine A 110 1600 Gr3 (la plus forte enchère du jour à 180 000 €) ou MG Metro 6R4, quelques Marcadier locales, des populaires Citroën 2 CV, Renault 4CV, Simca 1000, des youngtimers 205 ou Golf GTI ou de plus prestigieuses Bentley, BMW, Ferrari, Mercedes, Porsche ou Rolls-Royce présentaient un panorama éclectique de la production automobile. Marque à l’honneur cette année, Talbot plaçait une belle Talbot Lago America sur le podium des ventes.
Conclusion
Si cet article se focalise sur les voitures, il y avait aussi bien d’autres choses à admirer sur cet édition époqu’auto, des motos et des cyclos, des œuvres d’art, des utilitaires et de quoi s’équiper ou chiner, que l’on soit amateur, collectionneur ou simple curieux.
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