Visite du Musée de l’Automobile de Valençay

Introduction

En entrant dans le Musée de l’Automobile de Valençay, on se prépare à revivre l’histoire de l’industrie automobile française (la très grande majorité des autos exposées étant françaises), puisque les voitures sont classées dans une présentation principalement chronologique. Toutefois, les Citroën ont droit à une présentation spécifique, liée à l’historique de la collection (voir le chapitre sur l’histoire).

Le choix a aussi été de positionner la plupart des voitures en rangées, ce qui permet une circulation fluide et logique, et est souvent la meilleure solution pour voir les autos de plus près et dans les détails. Pour chaque modèle, une fiche donne quelques informations, notamment le type de moteur, la puissance, la vitesse de pointe ou la consommation.

Ces chiffres permettent de mesurer les progrès accomplis au fil du siècle en termes d’efficience ! La plupart des voitures sont en état de rouler, entretenues mais pas restaurées « en état concours », conservant leur patine historique. L’association AMAV expose également quelques voitures de ses membres dans un angle du musée.

L’article est divisé en 3 périodes historiques, plus un chapitre consacré aux Citroën, et met en lumière quelques voitures de chaque période, dans chercher à être exhaustif. Chaque année, le musée de Valençay complète sa collection permanente par une exposition thématique qui ajoute une douzaine de modèles à la présentation. Une zone spécifique est réservée à cette exposition dans le hall du musée.

Mes coups de coeur   

Quelques coups de cœur dans la collection Musée de l’Automobile de Valençay :

Histoire du musée

Le Musée de l'Automobile de Valençay expose la collection constituée par la famille Guignard, une longue lignée de carrossiers puis garagistes installés à Vatan, petit village à une vingtaine de km de Valençay situé sur la RN 20. Charrons, forgeron, carrossiers, garagiste, concessionnaire, la famille Guignard a suivi le développement de l’automobile. La famille a aussi conservé la plupart de ses voitures. Ainsi, la Clément-Bayard de 1906 achetée pour servir de taxi (on disait à l’époque location avec chauffeur), est toujours restée dans la famille et figure dans la collection actuelle. Camille Guignard père n’était pas collectionneur, mais très conservateur et conservera ainsi plusieurs modèles.
Ses fils Camille et André reprennent l’affaire familiale, et se passionnent pour les anciennes conservées dans le garage et ce sera le début de la collection. Après la guerre, le garage Guignard deviendra concessionnaire Simca et Ford, puis Panhard et Citroën. Et là encore, la famille gardera des voitures, notamment de la marque Citroën, qui sont aujourd’hui exposés au musée.
La collection s’enrichira aussi au fil des ans, avec des dons ou quelques achats lorsque des voitures intéressantes se présenteront. D’abord installée à Vatan, dans un petit bâtiment près de la station-service familiale, la collection a été ensuite exposée dans l’ancien manège à chevaux du château de Valençay entre les années 1980 et 2000.
En 2001, la gestion a été reprise par la Communauté de Communes Ecueillé Valençay. La dépendance du château étant en mauvais état, la collection fut installée dans un nouveau bâtiment dédié de 1500m2, situé à quelques centaines de mètres du château. L’AMAV (Association des amis du Musée de Valençay) apporte son soutien dans l’animation et le développement du musée. 

1898-1920

Le Musée de l’Automobile de Valençay nous ramène au 19ème siècle, avec sa Panhard & Levassor Type 5 de 1898. L’auto offre 2 places en plein air, mais propose un panier en osier pratique pour y ranger une ombrelle. La Clément-Bayard AC21 de 1906, évoquée plus haut dans l’historique offre une bien meilleure protection à ses occupants. Premier taxi de Vatan, elle promenait les habitants de Vatan et des environs, que ce soit pour les besoins quotidiens ou les loisirs, y compris des excursions dominicales pour visiter les châteaux environnants. Avec un bicylindre de 9 chevaux, elle roulait à 45km/h ! Elle a été utilisée jusqu’en 1930, atteignant 300 000 km « au compteur ». Elle était entretenue méticuleusement, et a connu plusieurs remises en état, notamment au niveau mécanique. La voiture est ensuite restée dans le garage familial, jusqu’à sa restauration par André Guignard. Notez la batterie installée sur le marchepied dans un coffret en bois verni. Il est rarissime de trouver une auto qui soit restée plus de 110 ans dans la même famille !

L’autre Clément-Bayard est un modèle AC4 de 1912. Les Delaunay-Belleville, reconnaissables à leur calandre ronde, figuraient parmi les voitures les plus prestigieuses dans les années 1900, comme la HH de 1906 par exemple, la voiture des rois et des tsars. La Delaunay-Belleville K6 de 1910 est sortie de sa retraite en 1967 pour partir à l’aventure, puisqu’elle a parcouru aux mains d’André Guignard 15 000 km lors d’un raid, du Cap Nord à Paris en passant par le Caucase. Plusieurs cartes et photos illustrent cette aventure routière.

La Turcat-Méry de 1906 est un modèle « sport » plus puissant et plus rapide. On la voit sur une photo à côté du Concorde, avec André Guignard et André Turcat, le célèbre pilote d’essai français du Concorde : en effet, André Turcat, était un descendant du constructeur. La Renault VI de 1910 est une imposante limousine, et une voiture historique puisqu’elle fut utilisée par 2 Présidents de la République Française, Raymond Poincarré et Alexandre Millerand.

Mais la production des années 1900 proposait aussi des voitures plus petites et plus légères, comme la Le Zèbre Type C de 1912 qui pesait moins de 350 kg. La Bédélia, encore plus légère avec ses 170kg rentrait dans la catégorie Cyclecars, et présentait une rare disposition en tandem pour les 2 passagers. L’une des rares voitures étrangères du musée est une Ford T de 1908, la première voiture de grande production au monde (plus de 16 millions d’exemplaires entre 1908 et 1927), qui a révolutionné l’usage de la voiture, mais aussi la production et notamment inspiré André Citroën.

1921-1939

Une autre voiture américaine est exposée devant la Ford T, une Ford A de 1928. La Ford A, qui succède à la Ford T (ne cherchez pas la logique), sera produite à près de 5 millions d’unités, mais en seulement 4 ans (1928-1931). On peut voir avec les voitures des années 1920 et 1930 comment la carrosserie évolue pour s’éloigner du style hippomobile motorisé. La production se diversifie considérablement, du tricycle à la limousine. Ainsi le Darmont Spécial, un tricycle inspiré des premières Morgan et équipé d’un moteur V2 curieusement placé devant la calandre est un succès commercial soutenu par de nombreux succès sportifs. L’Amilcar CGSS est à peine plus lourde, très sportive aussi, et rentre dans la catégorie des « voiturettes ».

Parmi les Renault exposées, la camionnette de 1923 est aussi une voiture de la famille. Camille Guignard a vendu le châssis qui a ensuite été carrossé en fourgon bâché pour ce premier client, puis repris par Camille Guignard en 1937 pour son usage au garage, avant de le remiser en 1950 et qu’il soit remis en état par son fils André. Trois autres Renault sont dans la collection, un Torpédo MT 1136 de 1924, une berline PG2 de 1929 et une Monasix de 1930, berline moyenne équipée d’un 6 cylindres en ligne.

Panhard était un constructeur innovant, et si la X47 de 1926 dispose d’une carrosserie assez conventionnelle, les X73 Panoramic de 1936 et surtout X76 Dynamic de 1937 mettent en avant leur étude aérodynamique. Son petit pare-brise, sa calandre massive et les grilles sur les phares sont emblématiques de cette imposante berline. Aérodynamique également avec la Peugeot 402 de 1938, typique avec ses phares recentrés sous la grille de calandre.

Parmi les voitures françaises les plus élitistes des années 1930, on retrouve Bugatti et Delage. La Delage D6-11, carrossée ici en conduite intérieure statutaire possède une mascotte sculptée en Saint Christophe. La Bugatti 57 Stelvio, en cabriolet par Gangloff sur un dessin de Jean Bugatti, est plus sportive et est certainement l’un des joyaux de cette collection.

Après-guerre

Le Musée de l’Automobile de Valençay présente notamment les voitures populaires qui ont mis les français au volant, la voiture s’étant véritablement démocratisée à partir des années 1950. Devenue Régie Nationale, Renault est longtemps le tenant du moteur arrière avec ses 3 modèles majeurs populaires, la 4CV, la Dauphine puis la R8. Sur la même architecture, la Caravelle était un petit cabriolet qui remporta un joli succès commercial avec plus de 100 000 ventes. Renault en offrit notamment 2 à la Princesse Grace de Monaco et à Brigitte Bardot, 2 des icônes féminines de cette époque.

Après la guerre, certains modèles des années 1930 sont repris, éventuellement légèrement modernisés, comme la Hotchkiss 864 qui devient S49 mais garde le style des productions d’avant-guerre. Plus moderne, la Renault Frégate était une grande routière plus statutaire, d’ailleurs le modèle présenté a appartenu au Président de la chambre syndicale des garagistes. La Panhard Junior est aussi un petit cabriolet, développé sous l’impulsion de l’importateur Panhard aux Etats-Unis, dont près de 5000 unités seront construites. La Ford Comète est un coupé produit par Ford France, dérivé de la Vedette, équipé d’un V8 et qui avait l’ambition de relancer l’automobile française de luxe au début des années 1950. Son succès sera limité, d’autant que Ford se retire du marché français et cède son usine de Poissy à Simca.

Suite à ce rachat, Simca hérite d’une grosse berline conçue par Ford France. Redessinée, elle devient la Simca Vedette, et assure le haut de gamme de Simca. La 2ème génération accentue le style américain de sa carrosserie, avec pare-brise panoramique et ailerons. La Chambord de la collection est la version luxe du modèle. La Simca Vedette sera la dernière voiture française de grande série équipée d’un V8. D’une conception assez ancienne, chère et gourmande en carburant, la Simca Vedette sera arrêtée en 1961.

Les Citroën

Le garage Guignard ayant été concessionnaire Citroën de longues années, la marque aux chevrons tient une place à part dans la collection. Les Citroën sont donc groupées dans une zone de l’exposition, et non dispersées suivant la chronologie. En effet, la collection des Citroën remonte aux origines de la marque, bien avant que Camille et André Guignard ne deviennent concessionnaires.

Ainsi la B2 de 1922, ici en Torpédo, est le second modèle fabriqué en grande série par Citroën, diffusé à 90 000 exemplaires. La C3 de 1924 est une petite voiture populaire, et sa forme originale avec l’arrière étroit lui vaudra le surnom de Trèfle qui est resté dans l’histoire. La B14F (1927) est un autre marqueur important puisqu’il s’agit du premier modèle européen à carrosserie fermée entièrement en acier.

Plusieurs Citroën iconiques sont exposées, avec une Traction dans sa version 15 six (15 CV, 6 cylindres) la plus performante, ou une 2 CV de la 1ère génération (Type A, 1951), et bien sur une DS, l’un des modèles les plus innovants de Citroën. Clou de cette collection Citroën, la SM est exposée dans une version carburateur de 1971. Son succès commercial très relatif (à peine 13 000 unités produites) ne l’empêchent pas d’être aujourd’hui un modèle très recherché des collectionneurs, avec une cote qui s’envole.

Autre modèle encore plus rare, la M35 était une expérimentation grandeur nature de l’usage du moteur rotatif Wankel. Ce coupé sur base AMI 8, dont le souci primordial n’était clairement pas l’élégance, était proposé à des clients de la marque qui roulaient beaucoup, afin de tester la fiabilité du moteur. 267 exemplaires seront construits entre 1969 et 1971, et à la fin de l’expérience, Citroën décide de rapatrier tous les modèles produits pour les détruire, afin de ne pas avoir à en poursuivre l’entretien. Mais plusieurs utilisateurs ou concessionnaires en conserveront, ce qui fait qu’on peut ainsi voir régulièrement dans des musées ou collections le témoignage de cette expérience peu commune. Toutes les voitures étaient numérotées sur l’aile avant. A noter que le modèle exposé à Valençay porte le numéro 396, Citroën n’ayant pas suivi l’ordre numérique pour sa production prévue initialement de 500 unités. Cette expérience déboucha sur une version spéciale de la GS appelée Birotor, équipée donc d’un moteur rotatif à 2 rotors (la M35 était une monorotor). Un de ces moteurs est exposé près de la M35.

2 roues et pompiers

Dans un angle du hall, le Musée de Valençay expose une petite collection de 2 roues et des engins de pompiers. Parmi les 2 roues, quelques vélos, des motos anciennes, mobylettes et Solex. 2 curiosités sortent du lot. Le Welbike est mini moto britannique étudiée pendant la 2ème guerre mondiale par un service de recherche militaire, et destinée aux forces spéciales. L’engin était petit et pliable, et pouvait donc être parachuté avec les soldats leur assurant un moyen de locomotion une fois arrivés au sol. Plus 3500 exemplaires ont été fabriqués, mais elles ont finalement été peu utilisées.

L’autre est une moto unique des années1960, une construction artisanale combinant un cadre maison sur base BMW, une boite de vitesses BMW, un moteur Panhard de 850 cm3 et quelques pièces provenant d’autres motos. 4 camions de pompiers de différentes époques, provenant des brigades de Vierzon et Valençay, recréent une petite histoire de l’évolution des engins utilisés par les soldats du feu.

Décoration

On retrouve sur les murs de nombreux objets classiques dans la décoration de musées automobile, comme de grandes affiches publicitaires, des plaques émaillées, des bidons et des outils comme un gonfleur Michelin, et également plusieurs radiateurs, ces pièces étant souvent typiques de certains constructeurs par leur style ou leur forme, avant de disparaitre derrière les calandres avec l’évolution des formes.

Plusieurs mannequins près des voitures mettent en contexte les autos et la mode de l’époque. Il y a aussi quelques maquettes, notamment un diorama évoquant le célèbre épisode des Taxis de la Marne, lorsque l’état-major de l’armée française avait réquisitionné en 1914 les taxis parisiens pour acheminer les renforts sur le front.

Conclusion

Avec sa soixantaine de voitures exposées, le Musée de l’Automobile de Valençay permet de parcourir près de 80 ans d’automobile française, populaire ou prestigieuse, en faisant le grand écart entre Citroën 2 CV ou Renault 4 CV et Bugatti 57 !

Les photos de cette page appartiennent à Automobile-Museums, aucun usage ou reproduction n’est autorisé sans accord écrit préalable du propriétaire.

Les musées sont des lieux vivants, et donc le contenu ou la disposition peut avoir changé entre la publication de cet article et votre visite. La disposition peut être différente, des voitures peuvent être absentes (révision, entretien, prêt…) et de nouvelles ont pu rejoindre l’exposition.