Retour sur Rétromobile 2025 – partie 2

Février 2025, Paris, France

Maisons d’enchères

Comme chaque année, Rétromobile est l‘occasion de ventes aux enchères, sur le salon comme Artcurial, soit dans d’autres lieux pendant la période du salon. Pour d’autres maisons, c’est l’opportunité de présenter leurs ventes à venir.

Artcurial exposait plus d’une centaine d’autos et une large sélection d’automobilia sur son très grand stand. Comme toujours, le choix de modèles était important depuis des autos populaires jusqu’aux modèles les plus rares et prestigieux, en passant par des curiosités. La maison mettait en avant une série de 5 Ferrari sous le nom de « Silver Collection » du fait de leur couleur : 250 GT Lusso, 275 GTB, Daytona ou encore rare 550 Barchetta. Dans les mêmes tonalités, une 550 Maranello se distingue par son illustre premier propriétaire, Michael Schumacher dont ce fut une « voiture de fonction ». Toujours en provenance de Maranello, une belle 275 GTB était mise en avant, l’une des 93 avec carrosseries aluminium.

Parmi la collection de M. B mise en vente, on trouvait quelques autos exceptionnelles, notamment 3 autos mises en vedette sur un podium. La Delage D6-70 a couru aux 24 Heures du Mans dans les années 1930, tandis que la Bugatti Type 51 Grand Prix est une des rares voitures d’usine. La seule Bugatti EB 110 GT blanche (1995) produite est en plus une première main peu kilométrée. Issue de la même collection la Gladiator de 1904, peut-être la plus ancienne voiture française de Grand Prix existante, est équipée d’un énorme moteur 4 cylindres de 9,4 litres de cylindrée !

Une autre Bugatti attire l’œil, un cabriolet Type 57 Stelvio bleu « usine », c’est-à-dire effectivement construit par Bugatti (seulement 45 unités produites). Si vous souhaitiez faire l’acquisition d’une Porsche, la vente Artcurial aurait été une bonne opportunité, avec un large choix de 356 et de 911, coupés, roadster, cabriolet ou targa et quelques autos assez rares, comme cette 356 Carrera 2L GS (une centaine d’exemplaires), ou ce Speedster Carrera 3,2L Turbolook rouge revu par RUF.

Un amateur de Maserati aurait pu compléter sa collection avec une Indy, une Bora, une Merak et une Khamsin, rouges toutes les quatre. Également sur un podium, la McLaren Senna est une hypercar qu’on ne croise pas souvent, et celle-ci bénéficie d’une peinture spécifique, inspirée de la McLaren F1 de Fernando Alonso au GP D’Abu Dhabi 2018.

Un petit groupe de voitures de compétition proposait notamment 2 autos préparées pour les rallyes africains, une Porsche 924 Bandama (1980) et une Mercedes 280 E « Safari » usine. Je terminerai cette revue par quelques raretés ou curiosités.

Ainsi la 2 CV « Sahara », peut-être l’une des seules voitures à avoir été construites en petite série avec 2 moteurs, un à l’avant et l’autre à l’arrière (avant l’avènement de l’électrique s’entend). La Mercedes 600 Pullmann a appartenu à la famille royale de Suède. L’Isdera Spyder est un roadster construit par un petit constructeur allemand à seulement une quinzaine d’unités.

Et enfin, l’une des véhicules les plus spectaculaires de la vente était cette Packard Super Eight « Yacht » carrossée en bateau (mais pas amphibie pour autant) par Chapron à la demande de Louis Réard, inventeur du bikini, pour servir d’engin publicitaire.

Pout sa grande vente, Bonhams avait investi la grande verrière du Grand Palais, offrant un magnifique écrin à ses autos. Là encore, on retrouvait une sélection de voitures populaires (mais plus toujours bon marché comme la 2 CV ou le Combi VW dont les prix s’envolent), des belles d’avant-guerre, des sportives plus récentes et quelques autos de course. On admirait plusieurs Bugatti dont une Type 35 de 1925 était la vedette. Chez Bonhams aussi, plusieurs Porsche étaient proposées, de la 356 à la 911, avec également un très pétillant Speedster jaune de 2019.

La vente offrait également un joli choix de sportives Aston Martin, Ferrari, Jaguar, Lamborghini ou Maserati relativement récentes, mais aussi une rarissime Ghia 450SS de 1967. Parmi les avant-guerre, belle sélection allemande de Mercedes ou BMW, et coté tricolore Chenard et Walker 1924 ou une Delage 1929 carrossée en skiff. Dans la catégorie voiture de course, la plus impressionnante était sans doute la BMW Schnitzer Groupe V de 1978, et la plus curieuse cette F1 Force India VJM01 de 2008 sans moteur transformée en art car par le peintre britannique Dexter Brown.

Option rallye-raid avec un Range Rover V8 T2 de 1990 ou un impressionnant Buggy MINI John Cooper Works X-raid de 2017. À la suite du crash très violent de la voiture en essais préalables aux 24 Heures du Mans, le 2ème châssis n‘avait pas été utilisé. Cette « réplique » a été reconstruite à partir d’éléments mécaniques non utilisés et suivant les plans d’origine retrouvés.

Aguttes présentait quelques autos de sa vente printemps prévue le 16 mars 2025 à Paris. Outre la DS et la Sunbeam GP déjà citées, Aguttes avait apporté quelques raretés, à l’image de cette Jaguar XK 120 recarrossée en berlinette par Barou et vue en course en 1950 et 1951, ou de cette Bugatti Type 40 Grand Sport de 1929 en état d’origine mais relativement préservée, ou enfin cette Maserati A6 GCS 2000 « Monofaro » 1949, ainsi nommée en raison de son phare unique en milieu de calandre.

RM Sothebys avait également une vente durant la semaine de Rétromobile, mais présentait sur son stand quelques autos en ventes privées ou enchères internet. La Ferrari F355 n’est pas un modèle exceptionnel chez Ferrari, mais celle-ci a (aussi) été la propriété de Michael Schumacher, ce qui lui confère une aura supplémentaire. Toujours Ferrari, mais avec un modèle beaucoup plus rare, une barquette Monza SP2 bicolore, un modèle de la gamme « Icona », des séries spéciales limitées inspirées de modèles du passé.

La Porsche 918 Spyder est aussi une hypercar produite en série limitée, mais celle-ci, dans un éclatant vert acidulé doit être assez unique. Beaucoup plus rare, la Pagani Zonda « Tricolore » n’a été construite qu’à 3 exemplaires. Son nom vient des bandes en « V » avec les couleurs du drapeau italien peintes sur la carrosserie tout carbone, peinte dans le même bleu que les avions de la patrouille acrobatique italienne.

Moins connue, Broad Arrow propose aussi enchères et ventes privées, et exposait une Porsche exceptionnelle et rarissime, puisqu’il s’agit d’une Porsche 911 Turbo « 930 » équipée d’un véritable moteur TAG-Porsche V6 de 1,5 litre de Formule 1. Il s’agit d’un « vrai » moteur V6 Turbo développé au début des années 1980 par Porsche pour McLaren, et qui a permis à Niki Lauda et Alain Prost de remporte des nombreux GP en 1984 et 1985. Développée par Dean Lanzante en Angleterre, cette Porsche TAG a été construite à 11 exemplaires, puisqu’il y avait 11 moteurs disponibles.

Marchands

Comme chaque année, Rétromobile est le rendez-vous les grands marchands internationaux de voitures d’exception, qui proposent à leurs clients des sélections toujours plus impressionnantes ! Allemands, anglais, belges, hollandais, suisses et bien sûr français rivalisent par la taille des stands, la qualité de présentation et évidemment le niveau des voitures proposées.

Si Ferrari, Mercedes et Porsche sont globalement les plus nombreuses, toutes les marques de sport et de prestige sont représentées sur les stands. Plutôt que de tenter une liste exhaustive, j’ai choisi de mettre en avant dans l’article une ou deux voitures par marchand, les autres étant toutefois présentées en photos. Gallery Aaldering présentait une authentique Bugatti Type 55 Cabriolet 1932 par Vanvooren, construite à seulement 6 exemplaires.

Chez Arts & Revs, une autre Bugatti, mais plus récente puisqu’il s’agissait d’une EB 110, était présentée à coté d’un moteur V12 quadri-turbo. Les 24 Heures du Mans étaient à l’honneur sur le stand Ascott Collection, avec une Rondeau M379C (1981) et une Jaguar XJR-12 (1990). La Lancia Stratos HF est une véritable icone des rallyes des années 1970, et la version « Stradale » 1976 de Asphalt Classics est l’un des 400 modèles « route » construits pour l’homologation.

AVC Prague exposait une spectaculaire Tatra T77 de 1935, imposante berline profilée avec son V8 placé en porte à faux arrière. Produite en toute petite quantité, il en reste une vingtaine aujourd’hui dans le monde, rarement dans cet état de restauration. Sur le stand du marchand allemand Axel Schuette, on avait 2 splendides Roadsters Mercedes-Benz des années 1930, un 500K de 1934 et un 540K de 1937, emblématiques de ces puissantes sportives à compresseur.

CarJager, le français qui monte, proposait plusieurs GT récentes, comme cette Ferrari 488 Pista de 2019 dans un configuration « Bleu Tour de France » plutôt rare. La BMW 3.0 CSL exposée par Daniele Turrisi a été présentée en 2023 pour les 50 ans du département M en hommage à la 3.0 CSL de 1972. Construit à seulement 50 unités, il est basé sur un coupé M4 largement revu, avec une carrosserie exclusive et un moteur poussé à 560 chevaux. Ce modèle arbore les couleurs M typiques. La BMW 507 roadster est souvent considérée comme l’une des plus belles BMW, mais son prix très élevé en fit un échec commercial (250 unités seulement). Mais cette rareté fait aujourd’hui son intérêt pour les amateurs, et Eberhard Thiesen en exposait 2 exemplaires.

Comme on célèbre les 110 ans de Maserati, la Maserati A6G par Zagato de 1956 me semble une bonne idée chez Fiskens. Habillées par les grands carrossiers italiens de l’époque, les A6G marquent les touts débuts de Maserati dans le Grand Tourisme avant la 3500 GT construite par l’usine. Anglais mais grand spécialiste Ferrari, Girardo & Co racontait une partie de l’histoire du cheval cabré avec quelques modèles sportifs, dont cette 250 GT SWB qui termina 2ème du Tour de France Auto 1960.

Chez Joe Macari, on peut hésiter entre une Aston Martin Valkyrie mauve et liserés dorés assez kitch et une Singer ACS, sorte de Porsche 911 Dakar avant l’heure, mais encore plus typée raid. Au milieu de quelques hypercars chez Kidston, la McLaren F1 blanche était juchée sur une estrade, portes grandes ouvertes.

La star chez Lukas Huni était pour moi la Bugatti Type 57C Atalante de 1938, l’une des plus Bugatti les plus désirables, surtout dans cette rarissime version à compresseur et carrosserie Aluminium. Jamais restaurée, cette Bugatti 57 est dans un état impeccable.

Une autre Rondeau était exposée chez Mechanic Modern & Classic, cette fois la M379B vainqueur des 24 Heures du Mans 1980. Sur le stand de Messina Classics, on peut hésiter entre une Aston Martin Valkyrie (encore une !) ou une Gemballa Mirage GT, version exacerbée de la Porsche Carrera GT, qui ne manquait déjà pas de caractère. Si Phoenix Green Garage est un spécialiste anglais de Lancia, ils proposent aussi d’autres marques, et par exemple une Bugatti Type 59 de 1933.

Chez Saga Classic, spécialiste Mercedes français, 300 SL Gullwing, SLS et surtout une très rare AMG One. Serge Heitz, spécialiste entretien et restauration Porsche, présentait un Speedster 356 1500GT de 1955.

La Squadra présentait la première Zagato AGTZ, un design inspiré par l’Alpine A 220 longue queue des 24 Heures du Mans 1968. Outre l’inspiration du design, la Zagato AGTZ a la particularité d’être livrée avec 2 capots arrière, permettant de choisir entre un style longue queue comme l’A220 ou un arrière tronqué.

Motos

Suite au succès de 2024, Rétromobile réservait à nouveau une important surface spécifique consacrée à la moto. Au cœur de la zone, une exposition consacrée aux motos de Éric de Seynes, patron historique de Yamaha en France. Autour, comme pour les autos, constructeurs toujours plus nombreux (BMW, Harley-Davidson, Ducati, Indian, Triumph, Yamaha…) exposaient motos anciennes et actuelles. On retrouvait aussi des motos sur de nombreux stands, notamment sur l’espace enchères Artcurial.

Accessoires, jouets, artistes

Traditionnellement sur les salons de voitures classiques, de nombreux visiteurs viennent recherche le ou les pièces manquantes pour leur ancienne. Comme chaque année, Rétromobile devient ainsi un immense marché de la pièce et de l’accessoire, y compris les vêtements. Les vendeurs de revues, livres et affiches consacrés à l’automobile et au transport sont bien présents.

Si vos moyens ne permettent pas d’acheter une « vraie » voiture, qu’à cela ne tienne, les marchands de miniatures savent vous proposer une large gamme, mais attention certaines maquettes ultra détaillées et complexes peuvent atteindre le prix d’une auto roulante. Enfin, n’oublions pas le traditionnel village des artistes où peintres, photographes et sculpteurs exposent.

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