Musée de L’Aventure Peugeot, Sochaux, France
Jusqu’ au 30 septembre 2025
« Peugeot et la compétition : 130 ans de records et de victoires ! » est la nouvelle exposition au Musée de l’Aventure Peugeot de Sochaux ! Ayant démarré la production de voitures à 4 roues dès 1891, Peugeot est l’une des plus anciennes marques automobiles au monde, toujours en activité. Paris-Bordeaux-Paris en 1895 est considérée comme la toute première véritable course chronométrée au monde, Peugeot y participe et remporte le premier prix avec un modèle quatre places. Donc en 2025, on fête bien 130 années de compétition automobile pour la marque au Lion.
Pour cette rétrospective, le Musée de l’Aventure Peugeot présente 41 voitures représentatives de son implication en compétition, dans les différentes disciplines. Les voitures exposées jalonnent le parcours de visite du musée. Dès l’entrée, 2 prototypes particuliers sont exposés, puisqu’ils n’ont jamais couru. Une 905 d’endurance, dont le look lui valut à son époque le surnom de « Supercopter ». Si elle n’a finalement pas couru, elle a servi de laboratoire de développement pour la 905 Evo 2 (triplé aux 24 Heures du Mans 1993) et pour le moteur V10 de Formule 1. La seconde est la 908 Hybrid V4, développée pour le Championnat du Monde d’endurance 2012, mais qui n’a pas couru puisque Peugeot s’est retiré de la catégorie début 2012.


En avançant dans le musée, on retrouve la Peugeot Type 3, 1ère apparition d’une automobile Peugeot dans une compétition, mais ici une course cycliste… En effet, cette voiture a suivi les coureurs du Paris-Brest-Paris 1891, une course sans étape malgré la distance. Si les cyclistes allaient parfois plus vite que la voiture, Peugeot qui venait de commencer la « production » d’automobiles y avait vu un moyen de faire connaitre ce nouveau moyen de déplacement. A côté, la Peugeot qui a remporté le Paris-Bordeaux-Paris en 1895, considérée comme la première course automobile chronométrée au monde.



Au début du 20ème siècle, les Grand Prix sont très différents de la F1 d’aujourd’hui, mais sont déjà un terrain d’exploration de solutions nouvelles et de recherche de performances. Dans les années 1910, Peugeot développe le L76, un moteur « révolutionnaire » qui combine pour la première fois un 4 cylindres monobloc, avec 4 soupapes par cylindre et double arbre à cames en tête. Cette architecture permet un moteur puissant, compact (pour l’époque) et un centre de gravité bas. Avec une cylindrée de 7,6L, ce moteur développe une puissance de 148 chevaux à 2 200 tr/mn !

Équipées de ce moteur et de ses dérivés, les Peugeot dominent alors les Grand Prix européens comme le GP de l’ACF en 1912 et 1913, mais aussi les courses américaines avec notamment 3 victoires aux 500 Miles d’Indianapolis (1913, 1916 et 1919). Introduit en 1912, la moisson de victoires sera malheureusement interrompue en Europe par la 1ère guerre mondiale. Il reste évidemment peu de voitures de cette période, et la plupart est aux Etats-Unis Si aucune figure pas dans le patrimoine Peugeot, il semblait néanmoins important de mentionner cette période glorieuse pour la marque.
Nous arrivons ensuite dans les années 1930. Peugeot a présenté la 301 et développe la 301 « Miramas », du nom de la piste où l’auto bat notamment le record de vitesse sur 24 heures records à plus de 110 km/h de moyenne. L’auto est allégée, avec une carrosserie en grande partie en simili cuir sur une armature en bois. En 1937, la 302 DS est engagée aux 24 Heures du Mans par le concessionnaire Darl’Mat avec le soutien de Peugeot. Sans être à même de viser la victoire finale, les trois 302 DS terminent, toutes classées dans les 10 premières. La 302 DS terminera même 5ème en 1938, et remporte la classe 2 Litres.




En poursuivant la visite, on arrive dans la « Fosse aux Lionnes » où l’on retrouve plusieurs modèles ayant couru les 24 Heures du Mans, comme la CD Peugeot de 1966, légère, avec une carrosserie aérodynamique reconnaissable à ses grandes dérives à l’arrière. Sa légèreté lui permettait de bonnes performances malgré son petit moteur de 1100 cm3. Plus ambitieuse, la WM P80 est équipée du V6 Peugeot, porté à 500 chevaux grâce au turbocompresseur. Elle court en catégorie GTP, et termine 2ème de sa catégorie en 1980, et 4ème en 1981.


Peugeot relève le défi de la victoire au classement général au début des années 1990 avec la 905. L’aventure sera couronnée de succès avec 2 victoires aux 24 Heures en 1992 et 1993, dont un triplé en 1993, et un titre de Champion du Monde en 1992. Nouveau défi en 2007 avec la 908 HDi FAP, équipe d’un moteur Turbo Diesel. La lutte avec Audi est féroce, mais Peugeot remporte les 24 Heures en 2009, et plusieurs autres courses d’endurance et titres internationaux (il n’y plus de championnat du monde d’endurance entre 1993 et 2012). Les 2 autos victorieuses ont bien sur leur place dans cette exposition.





Toujours sur circuits, quelques Peugeot ont participé à différents championnats de tourisme, comme avec la 505 pilotée par Jean-Pierre Beltoise dans les années 1980, dont le 4 cylindre turbo injection disposait de plus de 400 chevaux. Les courses de voitures de tourisme sont très populaires en Allemagne, et Peugeot participe au Championnat « Supertourisme » avec une 406, qui permet à Laurent Aïello de remporter le titre en 1997. En 2010, c’est avec une RCZ Hdi (Diesel) que Peugeot revient sur les circuits européens, et notamment aux 24 Heures du Nürburgring, l’une des courses de voitures de tourisme les plus sélectives.




On s’en doute, la Fosse aux Lionnes accueille aussi les vedettes des rallyes, l’un des domaines de la course automobile dans lequel Peugeot a le plus brillé au fil des années et établi une solide réputation. Si dès les années 1930, on trouve des Peugeot engagées dans les rallyes européens par des équipages privés, il faut attendre les années 1950 pour voir Peugeot s’engager officiellement avec les 203 puis 403. Mais c’est surtout avec les 404 que Peugeot deviendra une référence dans les très exigeants rallyes africains comme l’East African Safari (puis rallye du Kenya), le Rallye du Maroc ou le Bandama (puis Rallye de Cote d’Ivoire). Moins connue, la petite 204 a aussi eu sa version « rallyes africains ».


Après la 404, la 504 berline et le coupé 504 V6 continuent de briller. Dans les années 1960 et 1970, Peugeot remporte 10 victoires dans ces épreuves, dont 6 à l’East African Safari.



Dans les années 1980, Peugeot revient en rallye avec la mythique 205 Turbo 16 Groupe B, Championne du Monde pilotes et constructeurs en 1985 et 1986, avec pas moins de 16 victoires. Compacte avec son architecture à moteur central et ses 4 roues motrices, elle domine la concurrence. 3 modèles sont présentés, deux Evo 1 de 1985 avec la version « Safari » renforcée pour les rallyes africains, et une Evo 2 1986.





Avant de se concentrer sur la 205 T16, Peugeot avait envisagé une 305 V6 propulsion qui est présentée à côté de la 205. Prototype de développement finalement abandonné, ce modèle sort très rarement des réserves du patrimoine de l’Aventure Peugeot.


Après l’ère du L76, il faudra ensuite attendre 80 ans pour revoir des Peugeot en Grand Prix, tout au moins comme motoriste en Formule 1 pour les écuries McLaren, Jordan et Prost GP de 1994 à 2000. Si elle ne remporte pas de courses, la McLaren-Peugeot MP4/9 glane quelques podiums en 1994. Peugeot poursuit en Formule 1 en 1995 et 1996 avec l’écurie Jordan, dont la voiture arbore une livrée originale avec une tête de serpent sur l’avant du museau.





On retrouve Peugeot en rallye dans les années 1990, et si la 306 Maxi ne peut rivaliser avec les concurrentes 4 roues motrices sur les rallyes neige ou terre, elle brille sur les rallyes asphaltes. La 206 WRC prend le relais, cette fois bien armée pour tous les terrains de rallyes. Avec la 206 WRC, Peugeot remporte 3 nouveaux Championnats du Monde en 2000, 2001 et 2002. La 307 WRC lui succède, gagnant quelques courses mais sans parvenir au titre mondial.





Peugeot propose la 207 S2000 pour les courses de rallye de l’IRC, en quelques sorte la 2ème division des rallyes, qui permet à de jeunes pilotes de faire leurs armes. Intermédiaire entre rallye et circuit, le rallye cross est une discipline spectaculaire, et Peugeot engage sa 208 WRX dans le championnat du monde, avec comme pilote Sébastien Loeb.


En regagnant l’espace d’exposition permanente, on retrouve quelques trophées comme ceux de la Targa Florio 1907 ou des 24 heures du Mans 1993.


Dans les années 1960, Peugeot souhaite promouvoir les moteurs diesel dont il équipe ses 403 puis les 404. Un cabriolet 404 est transformé en voiture de record, et va rouler à Montlhéry pour battre 40 records de vitesse et d’endurance.


Explorant de nouveaux terrains, Peugeot s’attaque à la course de côte Pikes Peak. Située dans le Colorado, cette longue course de côte (près de 20 km), est la plus haute du monde, avec un départ à 2865 mètres d’altitude, et une arrivée à 4300 mètres. Si l’altitude est un défi pour les mécaniques, les 156 virages et les ravins vertigineux le sont pour les pilotes. La 405 Turbo 16 « Pikes Peak », une version spéciale de la 405 T16 dont le moteur développe 660 ch, est conçue pour aller chercher la victoire, ce qu’elle fera en 1988 (Ari Vatanen) et 1989 (Robby Unser). Le film de la montée d’Ari Vatanen en 1988 est devenu un classique de la course automobile.


Peugeot reviendra à Pikes Peak en 2013 avec la très spectaculaire 208 T16 « Pikes Peak ». Avec un rapport poids/puissance de 1 ch/kg (875 ch/875 kg), la 208 passe de 0 à 100 km/h en 1,8 s, plus vite qu’une Formule 1 ! La voiture est pilotée par Sébastien Loeb, nonuple champion du monde des Rallyes WRC, qui ajoute une ligne à son palmarès déjà bien garni. Avec un temps de 8 min 13 s 878, il bat l’ancien record de plus d’une minute et demie. A l’heure actuelle, ce temps reste le record absolu pour une voiture à moteur thermique. La voiture exposée est une copie de la « vraie » que Sébastien Loeb a gardé dans sa collection personnelle.


L’exposition « Peugeot et la compétition » se termine avec les rallye-raids et le Paris-Dakar (ou Dakar tout court depuis qu’il se court en Amérique du Sud et maintenant en Arabie Saoudite). Après l’arrêt des Groupe B in 1986, Peugeot se tourne donc vers le Paris Dakar et les rallyes raid, poursuivant la moisson de victoires, avec la 205 T16 « Grand Raid », en 1987 et 1988. Renforcées et un peu moins puissantes que les Groupe B, les 205 T16 gagnent en 1987 et 1988.


Les 205 T16 Grand Raid sont exposées dans leurs décorations « Camel » et « Pioneer » selon leur sponsors. La 405 T16 Grand Raid apparait en compétition en 1988, mais elle devra attendre 1989 pour l’emporter. En 1990, la 405 T16 Grand Raid retrouve sa livrée « Camel » et Peugeot signe un triplé au Paris Dakar, pour une apothéose dans la catégorie. Au total, ces 2 autos ont donc remporté 4 victoires successives au Paris Dakar, ainsi que de nombreux autres rallye raids (Atlas, Tunisie, Pharaons…).





A ces 4 voitures de compétition s’ajoute une 405 T16 « Prototype », rarement exposée, qui est en quelques sorte le chainon entre les 205 et 405 Grand Raid. La base est celle d’une 205 T16, revue et améliorée, avec un moteur plus puissant et une carrosserie « style » 405 qui sert au développement le 405 T16 Grand Raid.
En 2015, nouvelle étape dans l’histoire de Peugeot en rallye raid avec le Peugeot 2008 DKR (vainqueur en 2016), puis le 3008 DKR qui l’emporte en 2017 et 2018. La voiture présentée est celle de Carlos Sainz, vainqueur en 2018. Si le nom de 3008 la relie au SUV familial, avec ses roues énormes, ses grands débattements de suspension et son cockpit d’avion de chasse, le 3008 DKR Maxi n’a pas grand-chose à voir avec la voiture de série. Les visiteurs noteront que beaucoup des voitures de course exposées sont conservées comme à l’arrivée de la course, ce qui permet de mieux se rendre compte de ce quelles peuvent subir lors d’une course.



Pour cette exposition consacrée à la compétition, le Musée de l’Aventure Peugeot n’oublie pas les 2 roues, vélos et motos. Les visiteurs découvriront la moto P515 qui a battu 9 records de vitesse en 1934, dont celui des 3000 km à une vitesse moyenne de 118,162 km/h). Peugeot a aussi remporté 10 victoires au Tour de France cycliste entre 1905 et 1977.


Comme on le voit, en 130 ans Peugeot a exploré pratiquement toutes les facettes de la course automobile, depuis les pionniers à la fin du 19ème siècle jusqu’à nos jours, où Peugeot poursuit son engagement, notamment en hypercar avec la 9X8. Peugeot a gagné des épreuves emblématiques comme les 24 Heures du Mans, les 500 Miles d’Indianapolis ou le Dakar, et remporté de nombreux titres nationaux, internationaux et mondiaux.
La quarantaine de voitures exposées donne un bon aperçu de cette grande aventure sportive, tandis que plusieurs écrans répartis dans l’exposition font revivre ces exploits. Et le visiteur découvrira dans les collections permanentes de très belles autos présentées dans une muséographie agréable.
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