L’Épopée Renault au Musée Matra

Musée Matra, Romorantin, France

Jusqu’au 2 novembre 2025

Comme chaque année, le Musée Matra propose une exposition temporaire, cette fois consacrée à « l’épopée Renault ». Ouverte jusqu’au 2 novembre, cette exposition revisite l’histoire de la marque, en partant des origines. Tout en incluant de nombreuses autos populaires, la sélection privilégie des modèles sportifs ou plus rares.

La plus ancienne est une Renault Type D, ce qui comme son nom le laisse penser est une des premières « productions » du constructeur. Elle a en effet été présentée en 1901, et est équipée d’un petit moteur De Dion Bouton de 480 cm3 pur une puissance de 4 ch. La Renault Type AG (aussi nommée G7) est sans doute l’une des plus célèbres Renault, plus connue sous le nom de Taxi de la Marne. Utilisés comme taxis à Paris par la compagnie G7, ces autos sont réquisitionnées par l’armée française lors de la première bataille de la Marne, les 6 et 7 septembre 1914, pour transporter les renforts de Paris sur le champ de bataille. C’est aussi l’une des premières interventions massives de l’automobile dans un conflit.

Dans les années 1930, la grande berline Vivaquatre est aussi très appréciée comme taxi, et en trouvera en taxis parisiens jusque dans les années 1960 ! Avec son moteur 6 cylindres, la Vivastella (1928-1939) est représentative des Renault des années 1930, des berlines et limousines de luxe. A la fin des années 1930, Louis Renault propose la 1ère voiture « populaire » de la marque avec la Juvaquate, qui sera produite jusqu’en 1960 en berline et utilitaire. La Juvaquatre de l’exposition est un rarissime coupé, puisque seulement 82 unités ont été produites.

Étudiée en secret pendant la guerre, la 4CV sort en 1946 et sera la 1ère voiture française à dépasser le million d’exemplaires produits. En version sportive 1063, elle participe à de nombreuses courses, sur route comme le rallye de Monte Carlo ou sur piste avec les 24 Heures du Mans. Plusieurs artisans exploitaient la mécanique de la 4 CV pour développer des petites voitures de course, comme Brissoneau pour la Barquette « Louis Rosier » qui est présentée. La Dauphine a aussi sa version sportive avec la « 1093 ». Sur les 2000 exemplaires produits, seule une petite centaine a survécu.

Ces petites autos sportives sont en quelques sorte les ancêtres des Gordini comme la R12 exposée, puis des Renault Sport. Dans la lignée des R5 Turbo, Renault propose la Clio V6. Avec son V6 de 3L en position centrale arrière, elle peut dépasser les 250 km/h. le modèle exposé est la dernière Clio V6 sortie de chaine en 2006. La Mégane RS Trophy R est la version ultime de cette famille de sportives, taillée pour aller chasser le chrono sur la Boucle Nord du Nürburgring.

A peine moins performante, la R21 2L Turbo offrait 175 chevaux et frôlait les 230 km/h. L’auto exposée est l’un des 33 modèles 4 roues motrices adaptées pour les brigades rapides de la gendarmerie. Moins « turbulente », la Floride était un élégant petit coupé basé sur la Dauphine, initialement destinée à conquérir le marché américain. Renault en offre à plusieurs vedettes comme Brigitte Bardot ou la Princesse Grace de Monaco, influenceuses avant l’heure !

Si la Renault 4 qui succède à la Dauphine est bien connue, la R3 l’est beaucoup moins. Il s’agissait d’une version dépouillée et simplifiée de la R4, avec un moteur plus petit (seulement 3CV fiscaux, d’où son nom), destinée à concurrence la Citroën 2 CV. Elle ne sera produite que pendant une année, et à seulement 2500 exemplaires, sans trouver son public comme on dit. A peu près à la même époque, mais à l’autre bout de la gamme, la Rambler 6 ne trouvera pas non plus son public. Construite sous licence, cette voiture d’origine américaine AMC ne sera vendue qu’à 4000 unités en 6 ans.

Avec la R16, Renault innove en proposant la 1ère berline familiale avec un hayon, privilégiant le pratique à l’esthétique. Ce choix surprenant sera un pari gagnant et la plupart des constructeurs généralistes se rallieront ensuite à ce style. Sans être vraiment une version sportive, la R16 TX, reconnaissable à ses 4 phares carrés et ses jantes « Gordini », se veut haut de gamme et propose une série d’équipements encore rare sur ce type de voiture, comme le verrouillage centralisé ou les lève-vitres électriques. La Renault 5 qui fut produite à plus de 5 millions d’unités a été un énorme succès commercial, et le modèle exposé est une TL de la 1ère année de production.

Au milieu de ces modèles de production, on trouve 2 curiosités. La 4L JP4 est une transformation sur base de 4L pour un engin fun et décalé. La production restera limitée, d’autant que la société à l’origine de cette initiative a eu une vie chaotique. Le Projet 900 est un concept de grande berline datant de 1959, avec une architecture innovante et un style très décalé, offrant luminosité et habitabilité. L’habitacle est très avancé, le conducteur est placé sur le porte-à-faux-avant alors que le moteur V8 (1,7L pour 80 chevaux) est complètement à l’arrière.

L’Épopée Renault ne serait pas complète sans mentionner la Formule 1, et l’exposition inclut une R26, Championne du Monde en 2006 avec Fernando Alonso, 2ème titre du pilote espagnol avec Renault. Plusieurs moteurs de Formule 1 sont aussi exposés.

D’autre part, la collection permanente du Musée Matra permet de couvrir une autre page importante de l’histoire Renault avec la famille des Renault Espace, dont Matra a conçu (et fabriqué) les premières générations, jusqu’à l’Avantime, grand coupé « monospace » au succès commercial limité. Pour l’occasion, le célèbre (et unique) Matra-Renault Espace F1 a été approché de l’exposition temporaire. Mélange improbable d’un ensemble train arrière de Formule 1 Williams FW14 et d’un moteur V10 Renault de 820 chevaux, elle peut emmener son pilote et 3 passagers à plus de 300 km/h pour découvrir quelques sensations d’une Formule 1.

L’histoire Renault se retrouve aussi avec quelques modèles iconiques en miniatures dans des vitrines, la décoration étant complétée par de grandes photos et publicités Renault.

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