Perelada, Espagne
Introduction
Je vous emmène faire un petit tour à Peralada en Espagne, une petite ville médiévale proche de Figueras (et son célèbre musée Dali). Le Château de Peralada appartient à la famille Mateu depuis le début des années 1920. Pourquoi une visite de château dans le blog Automobile Museums ? Et bien il se trouve que Damià Mateu i Bisa, arrière-grand-père des actuels propriétaires a été en 1904 l’un des cofondateurs de Hispano-Suiza, célèbre constructeur de voitures de luxe, et qu’une grande salle du musée du château est consacrée cette marque.
L’histoire (mouvementée) d’Hispano-Suiza
Damià Mateu s’était associé avec l’ingénieur suisse Marc Birkigt (d’où le nom Hispano-Suiza) et un autre entrepreneur espagnol Francisco Seix Zaya. A vrai dire, Hispano-Suiza avait été créée en 1902, déjà avec Marc Birkigt, mais avait fait faillite dès 1904, faute de capitaux permettant le développement de l’entreprise. Entrepreneur à succès de Barcelone, Damià Mateu était aussi l’un des créanciers de la première société Hispano-Suiza. Les Espagnols apportent leur capitaux et leur savoir-faire industriel, l’ingénieur suisse ses compétences techniques et sa réputation déjà établie de motoriste.
La marque vise le luxe et le haut de gamme, soutenue notamment par le roi Alphonse XIII, grand amateur d’automobiles. Mais faute d’une clientèle espagnole argentée, les ventes de voitures Hispano-Suiza restent faibles, et la marque crée en 1911 une filiale en France destinée à assembler et vendre ses modèles, puis construit une usine en 1914 près de Paris, dont sortira la majeure partie de la production Hispano-Suiza (ce qui fait que beaucoup pensent qu’Hispano-Suiza est une marque française). En parallèle Mark Birkigt dépose des brevets pour des moteurs d’avions, dont seront d’ailleurs dérivés certains moteurs des Hispano de route.
Durant la 1ère guerre mondiale, les usines se consacrent à la production de moteurs d’avions, équipant notamment les célèbres avions Spad. C’est ce qui amènera les Hispano-Suiza à arborer à partir de 1919 un bouchon de radiateur en forme de cigogne, en hommage à l’escadrille de Georges Guynemer qui volait sur des SPAD propulsés par des moteurs Hispano-Suiza. C’est le début d’un âge d’or pour qui rivalise alors avec Rolls-Royce et établit une réputation de luxe et de robustesse qui en fait encore aujourd’hui une marque réputée et recherchée. Comme c’est l’usage à cette époque, les châssis Hispano-Suiza H6 et K6 (6 cylindres en ligne) et J12 (moteur V12) sont habillés par les carrossiers les plus prestigieux sous toutes formes, du coupé sportif à la limousine d’apparat.
Malheureusement, les aléas politiques en Espagne et en France auront raison de l’entreprise en tant que constructeur de voitures de luxe, et la production de ces automobiles s’arrêtera à la fin des années 1930 pour un total d’environ 3000 modèles construits.
La Salle Hispano-Suiza
La Salle Hispano-Suiza du Musée expose de nombreux souvenirs de l’aventure automobile Hispano-Suiza. On y retrouve des plans originaux de moteurs et de châssis avec toutes les cotes détaillées, des machines et outillages, des pièces mécaniques, et notamment un impressionnant vilebrequin de moteur V12 d’avion. Ce moteur de 27 litres ( !) de cylindrée développait jusqu’à 1000 ch, ce qui explique la taille de la pièce ! On retrouve aussi des photos des usines et des voitures ainsi que du mobilier ayant appartenu au fondateur.
Et bien sûr, une Hispano-Suiza est présentée, un splendide modèle K6 carrossé en coupé par Vanvooren. La cigogne trône sur le capot, au-dessus de l’emblème Hispano-Suiza, avec les drapeaux suisses et espagnols. Dernier modèle Hispano-Suiza, la K6 a été produite de 1934 à 1937, à seulement 200 exemplaires. Avec son 6 cylindres en ligne de 120 chevaux, la K6 offre de bonnes performances alliées à une tenue de route et un freinage de haut niveau.
En 2019, Miguel Suqué Mateu, arrière-petit-fils du fondateur, a relancé la marque Hispano-Suiza avec « Carmen », une hypercar électrique de plus de 1000 chevaux, dont la carrosserie en fibre de carbone s’inspire du modèle unique Hispano-Suiza H6-C Dubonnet Xenia dessiné par Jacques Saoutchik en 1938. Un capot avant et un capot arrière de la Carmen sont aussi présentés, avec quelques photos de cette hypercar.
Les autres musées
Le Musée du Château de Peralada, qui occupe les locaux de l’ancien couvent, propose en fait plusieurs musées. Il abrite une grande partie des collections de la famille Mateu. La bibliothèque est l’un des éléments culturels les plus importants du château, avec plus de 100 000 volumes. La collection comprend un immense fond Cervantès, avec 5 000 exemplaires dont plus de mille sont des éditions différentes de Don Quichotte en 33 langues. On y trouve aussi 200 incunables, des livres uniques ou rarissimes, des actes de noblesse et de très nombreux ouvrages gothiques ou manuscrits.
Le Musée du Verre et de la Céramique est l’une des plus importantes collections privées au monde, avec notamment plus de 2 500 pièces de l’Égypte des pharaons jusqu’au XIXème siècle, des pièces de cristal et de nombreux objets traditionnels. La collection de céramique compte environ 1.000 pièces, presque toutes de toutes issues des manufactures espagnoles traditionnelles et datant du 15ème au 19ème siècle. Une collection numismatique de plus de 2 000 pièces cataloguées allant de l’antiquité aux pièces de la monarchie espagnole complète cette salle historique.
Peralada est aussi un domaine viticole issu d’une tradition remontant aux moines du 14ème siècle (appellation d’origine Emporda). Aussi il est logique d’y trouver un Musée du Vin, avec une exposition de 750 objets liés à la culture du vin depuis le 14ème siècle, et notamment d’anciens tonneaux comme je n’en avais jamais vu, malgré de nombreuses visites de domaines viticoles.
L’église a été largement restaurée, notamment à la fin du 19ème siècle pour retrouver son style gothique d’origine, et découvrir le remarquable plafond à caissons polychrome. La visite guidée dure environ 1 heure offrant aux visiteurs une grande variété de sujets.
Le parc du château se visite également à la belle saison.
Infos pratiques
Ouverture
Les visites sont toujours accompagnées et durent 55 minutes environ | |
Du 1er septembre au 30 juin | Visites à 10h, 11h et 12h, 15h30, 16h30 et 17h30 |
Du 1 juillet au 30 août | Visites à 10h, 11h et 12h, 16h, 17h, 18h et 19h |
Dimanche et jours fériés | Visites uniquement le matin |
Fermé toute la journée le lundi, 25 et 26 décembre, 1 et 6 janvier | |
Fermé l’après-midi 24 et 31 décembre |
Tarifs
Adultes | 10,00 € |
Séniors (plus de 65 ans), Étudiants | 7,00 € |
Enfants (- de 10 ans) | Gratuit |
Réservation indispensable pour les groupes de plus de 10 personnes | |
Mêmes tarifs pour visiter les jardins, également visite guidée | |
Billets groupés Musée + jardins | 15,00 € |
Achat des billets conseillé en ligne | |
Parking gratuit à l’extérieur du village |
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