Introduction
Pendant 3 jours, Epoqu’auto a transformé le centre d’exposition Eurexpo de Lyon en un véritable musée automobile éphémère réunissant plusieurs centaines de voitures. Comme chaque année, plusieurs plateaux thématiques présentaient de belles sélections de modèles, avec cette année à l’honneur la Ford Mustang, Hotchkiss, Matra, MG, Bertone, le rallye et la Formule 3.
Mes coups de coeur
Quelques coups de cœur forcément très subjectifs dans toutes les merveilles exposées…
- Le stand du club Citroën C4-C6 Vintage
- La Hotchkiss 686 de 1937 carrossée en Cabriolet bicolore crème-bordeaux par Antem
- 2 concepts Bertone, la Camargue (1972), sur base Citroën GS) et la Karisma, une Porsche 911 4 places (1994)
Époqu’auto
Époqu’auto présente la particularité d’être organisé par une association, le club des 3A (les Amateurs d’Automobiles Anciennes). Ce sont donc plus de 300 bénévoles qui œuvrent toute l’année à la préparation de l’évènement, et bien sûr à l’accueil du public durant le salon. Au total ce sont 900 exposants, dont 560 marchands et 200 clubs de marques qui exposaient sur près de 90 000 m². Après une progression de 12% du nombre de visiteurs en 2023, Epoqu’auto 2024 a vu passer 109 000 visiteurs, soit une progression de près de 15% et la barre symbolique des 100 000 visiteurs largement franchie. Rendez-vous est déjà pris pour la 46ème édition à Lyon les 7, 8 et 9 novembre 2025, avec un programme que les organisateurs nous promettent alléchant ! Retour en images sur les expositions.
Ford Mustang
La Ford Mustang a fêté ses 60 ans en 2024, et les organisateurs ont choisi la sportive américaine pour illustrer l’affiche du salon. Epoqu’auto avec la complicité du Club Mustang de France a ainsi réuni une douzaine de modèles pour retracer son histoire. Coupés et cabriolets, versions musclées badgées Shelby comme les Shelby GT 350 Fastback de 1966 et 1969 ou la célèbre GT 390 Fastback du film Bullit (avec Steve McQueen), ou encore la Boss 302 de 1962.
Une Mustang 289 Coupé de 1965, clone de la Mustang engagée au rallye Monte-Carlo par Ford France, rappelle que la Pony Car s’est aussi illustrée en compétition. Une Mustang II (1978) et une Mustang III Cabriolet (1986) représentent des générations moins spectaculaires, avant que la 5ème génération ne revienne « aux fondamentaux » au milieu des années 2000.
MG
2024 marque les 100 ans de la marque britannique désormais sous pavillon chinois, et l’anniversaire a été dignement célébré sur tous les salons d’anciennes cette année. Le plateau présenté à Époqu’auto permettait de suivre l’évolution de la marque depuis les années 1930 jusqu’aux youngtimers des années 2000. La chronologie débute avec les Midgets qui ont fait la réputation de MG jusqu’aux années 1950, les coupés et berlines d’avant-guerre.
Les petits cabriolets MGA et MGB des années 1960 ont connu un succès phénoménal dans le monde entier, tandis que les berlines étaient souvent des Austin un peu plus sportives au succès commercial modeste. Dans les années 2000, les MG sont des Rover à caractère sportif, assez prisées aujourd’hui en youngtimers.
Plusieurs exemplaires de course étaient exposés, dont une réplique exacte de la MGA des 24 heures du Mans 1955, et la spectaculaire Metro 6R4 Groupe B de rallye.
Parmi les autres modèles rares, une très belle NA Airline de 1935 (6 exemplaires produits), une berlinette du carrossier belge Jacques Coune, coupé sur base MGB produit à une centaine d’exemplaires avant que l’usine de reprenne l’idée avec la MGB GT, ou encore la spectaculaire XPower (86 unités), un coupé 2 places à moteur V8 et carrosserie carbone !
Hotchkiss
Fondée en 1904, la branche automobiles Hotchkiss fête donc ses 120 ans, même si la production s’est arrêtée en 1954. Hotchkiss produisait des voitures élégantes, à la réputation de grande fiabilité, se situant dans ce qu’on appellerait aujourd’hui une marque premium. Le très actif Club Hotchkiss France avait réuni pour l’occasion une vingtaine de modèles, en commençant par les types AD et AM des années 1910/1920.
Dès les années 1930, les carrosseries deviennent plus aérodynamiques, et Hotchkiss propose de très élégants coupés, coach et cabriolets, comme les 680 Coupé Basque ou Cabriolet Monte Carlo, les 686 Coupé Megève ou Modane Grand Sport.
Après la guerre, la production de ces modèles reprend en toute petite quantité, puis au début des années 1950, Hotchkiss tente de moderniser ses modèles, avec l’Amilcar B38 plus abordable, la Hotchkiss-Grégoire moderne mais complexe et trop chère à produire. Le coach construit chez Chapron e sera produit qu’à 7 exemplaires, tandis que le dernier châssis commun avec Delahaye donnera naissance à la Monceau berline carrossée par Chapron, mais qui ne sera jamais commercialisée.
Matra
Autre anniversaire d’une marque disparue avec les 60 ans de Matra. Plus d’une quinzaine de modèles étaient exposés, représentant les différents univers de la marque au cours de son existence. Les petites sportives depuis la Djet héritée du rachat de René Bonnet, puis les coupés à moteur central développés par Matra, avec la 530, suivie des Bagheera et Murena qui offrent 3 places de front.
Plusieurs Rancho, break surélevé avec de larges surfaces vitrées, on appellerait ça un cross-over aujourd’hui, sont exposés, dont une version découvrable. Le grand succès de Matra sera l’Espace, dont plusieurs générations sont exposées, notamment un modèle utilisé lors des présentations initiales du concept à Renault. L’Avantime, croisement d’un coupé et d’un Espace marque la fin des productions Matra Automobile.
2 concepts M25 (1989) et M72 (2000) représentent l’activité de conception avancée de Matra, démonstration de savoir-faire et de concepts innovants.
Enfin, la compétition est évidemment présente, avec la MS80 championne du monde de F1 avec Jackie Stewart (la voiture porte sa signature) et une MS670, le modèle sport-prototype les plus titré avec 2 championnats du monde en 1973 et 1974, et trois victoires aux 24h du Mans en 1972, 1973 et 1974. La partie sportive est complétée par 2 moteurs, le MS9, un exemplaire de l’illustre V12 Matra, et beaucoup moins connu le MS82, un V6 Turbo développé pour équiper les Ligier en F1 mais qui n’a finalement jamais couru, bien que ses performances au banc étaient de très bon niveau.
Bertone
Le plateau Bertone, peut-être pas le plus beau, selon les gouts et affinités de chacun, mais à mon sens le plus exceptionnel. Ce plateau réunissait des modèles issus de la collection Bertone. Suite à la liquidation de l’entreprise, la collection Bertone, qui ne peut être dispersée car protégée par l’État italien, a été acquise par l’Automobile Club Historique italien. La collection comprend près de 80 pièces, des véhicules complets et en état de marche, des châssis et des études de style.
Époqu’auto a réussi l’exploit de faire venir 24 modèles, dessinés par la « Carrozzeria Bertone » du début des années 1960 à 2007. Jusqu’aux années 2000, peu de constructeurs disposaient d’un véritable bureau de style intégré, et ils faisaient donc appel à des designers extérieurs pour concevoir leurs nouveaux modèles. Les Italiens régnaient en maitres sur ce marché, et Bertone était l’une des maisons les plus fertiles, avec des designs innovants, audacieux, spectaculaires… Il suffit de mentionner le trio Lamborghini Miura, Lamborghini Countach et Lancia Stratos pour situer le niveau.
L’expo Bertone Époqu’auto réunissait des voitures de production, des études de style faites pour des constructeurs mais jamais mises en production, et de purs show-cars. Des autos exceptionnelles, et évidemment uniques pour les études de style et les show-cars, très rarement vus hormis lors de leur présentation initiale sur un salon automobile. Coté voiture de série, en plus des 3 autos mentionnées plus haut, citons deux Alfa Romeo, une Giulia SS de 1963 et une Montréal (1972).
Pour les études de style et show-cars, je distinguerais la Camargue, coupé sur base de Citroën GS (1972) qui reçut un accueil très enthousiaste à sa présentation, mais que Citroën n’a pas retenu, la Porsche 911 Karisma (1994), qui aurait pu être une intéressante berline 4 portes sur base 911 (avec le moteur arrière), et la Birusa, étude innovante sur une base de BMW Z8 avec son V8 de 400 chevaux.
Youngtimers
Les Youngtimers étant de plus en plus populaires, Époqu’auto leur réserve un espace, dédié cette année aux voitures japonaises. L’exposition permettait de découvrir plusieurs styles de voitures japonaises, notamment les petites « K-cars », populaires au Japon car elles bénéficient d’une fiscalité favorable, mais rares sur nos routes.
Quelques sportives réputées comme la Honda S2000, la Mazda RX-7, la Toyota 2000 GT accompagnaient une Honda NSX, souvent qualifiée de « Ferrari japonaise ».
Pas vraiment dans la catégorie youngtimer, la Mazda 787B, vainqueur des 24 Heures du Mans 1991, était alignée à coté d’une Mazda MX5 issue d’une série limitée de Mazda UK (23 unités) reprenant la décoration de la voiture du Mans.
Autre curiosité quasiment inexistante hors Japon, la Toyota Century est une limousine très exclusive, seule voiture japonaise équipée d’un V12.
Parmi les clubs « youngtimer », les clubs VW Scirocco et G60 présentaient une intéressante sélection de ces modèles sportifs de Wolfsburg.
Rallye
Cette année encore, Époqu’auto proposait une exposition rallye, cette fois consacrée à Guy Fréquelin. Pilote éclectique, il a surtout piloté en rallye (vice-champion du monde en 1981), rallycross et rallye raid. Il sera aussi l’emblématique patron de Citroën Sports, période consacrée par de nombreuses victoires et championnats d’abord en Rallye raid et au Dakar, puis des titres de champion du monde en WRC, notamment avec Sébastien Loeb comme pilote.
Le plateau présente quelques-unes des autos qu’il a pilotées, et une impressionnante collection des Citroën rallye raid et WRC qu’il a menées à la victoire.
Formule 3
Autodiva (magazine sur l’histoire de la course automobile) présentait un plateau entièrement consacré aux Formule 3, de 1965 à 1970. Premier échelon vers une carrière en F1, ces frêles monoplaces ont révélé de nombreux pilotes : Jean-Pierre Beltoise), Henri Pescarolo, Jean-Pierre Jaussaud, François Cevert, Patrick Depailler, Ronnie Peterson, Peter Gethin, Niki Lauda et bien d’autres.
On retrouve plusieurs constructeurs connus, comme Matra (la MS1 de 1965, première monoplace de Matra Sports), Brabham, Chevron, Cooper, Lotus, March qui ont aussi couru en F1, et d’autres artisans moins connus comme McNamara, Merlyn, Pygmée ou Tecno.
ELF
Comme chaque année, le pétrolier français présentait quelques voitures de course, témoignant de son long engagement en compétition. En la comparant avec les F3 du stand Autodiva, la RALT F3 de 1987 permettait de comprendre le chemin parcouru en moins de 20 ans dans la conception des F3. Mais le clou de l’expo était évidemment la F1 Williams-Renault championne du monde.
Musées et institutions
Plusieurs musées et institutions exposaient, dont le musée local Henri Malartre qui présentait une Rochet-Schneider 1909, et avait également prêté l’une de ses pépites, une Mercedes 300 SL « Gullwing ».
La gendarmerie et les pompiers avaient déplacé quelques véhicules et personnels, tandis que la Fondation Berliet exposait plusieurs camions, avec notamment un hommage au film 100 000 Dollars au soleil de Henri Verneuil avec Jean Paul Belmondo et Lino Ventura.
Les clubs
De très nombreux clubs régionaux ou nationaux exposaient, représentant une grande variété de constructeurs existants ou disparus. Comme toujours, Citroën pouvait compter sur ses innombrables clubs, chaque modèle vintage ou plus récent ayant son ou ses clubs de fans.
Mention particulière au Club C4-C6 Vintage qui avait présentait ses modèles dans un décor de neige avec des mannequins habillés en conséquence, stand d’ailleurs récompensé par l’organisation. La Traction Universelle avait choisi le film de Jacques Deray « Le Gang » avec Alain Delon pour mettre en scène la Traction.
Le « Maserati Owners Club » se distinguait aussi avec une monoplace de Grand Prix 6CM de 1937 et une A6GCS / Sport 2000 de 1954.
Les marchands
Époqu’auto est aussi l’opportunité de faire des affaires ou de démarrer des contacts, donc les marchands de voitures classiques sont nombreux à faire le déplacement. BR Motors et l’Atelier des Coteaux proposaient un grand choix de Jaguar Type E, particulièrement en cabriolet ou de roadster XK 120, 140 ou 150.
Chez Hervé Chauvin Collection et Saga Classic, on est plutôt Mercedes. Outre plusieurs SL Pagode (230, 250 ou 280) et quelques autos plus récentes, l’œil était attiré par une très belle SL 190 noire intérieur rouge ou 2 cabriolets des années 1950, une 220 A 1953 et une 300 B « Adenauer ».
Citons encore des Mercedes SLS AMG avec leurs spectaculaires portes papillon chez Saga Classic et Mecanicus, ou une Lamborghini Diablo orange vif chez CarJager. La région lyonnaise compte plusieurs spécialistes Porsche, et le choix en 911 ou Boxster était vaste.
Les maisons de ventes aux enchères
Plusieurs maisons de ventes aux enchères actives dans le monde automobile étaient présentes sur le salon. Bonhams annonçait son programme 2025 autour d’une Ferrari 250 en vente privée. Aguttes présentait une petite sélection de sa vente parisienne du 1er décembre, avec 2 Aston Martin cabriolet, une DB2 et une DB 4, ainsi qu’une rare et impressionnante Tatra 87 de 1948. Les Tatra sont connues pour leur architecture particulière à moteur V8 arrière et une certaine recherche aérodynamique. Pare-brise en 3 parties, grand phare central dans la calandre, le capot arrière muni d’une sorte d’aileron de requin la ligne est spectaculaire.
La maison Osenat présentait la plus grande sélection puisque les ventes avaient lieu sur le salon. Pami les lots exposés, une Alpine A110 1600 S Groupe 4, une Facel Vega HK 500, une Corvette C1, une très rare Iso Rivolta IR 300, ou plus ancienne une belle Oldsmobile F36 Coupé Business de 1936.
Conclusion
Si cet article se focalise sur les voitures, il y avait aussi bien d’autres choses à admirer sur cet édition Époqu’auto, avec un hall consacré aux motos. Parmi les artisans et vendeurs de pièces détachées et accessoires, livres, revues, modèles réduits et vêtements ainsi que de nombreux artistes proposant des œuvres évidemment autour de l’automobile, il y avait de quoi s’équiper ou chiner, que l’on soit amateur, collectionneur ou simple curieux.
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