Musée des 24H du Mans, France
Jusqu’au 6 octobre 2024
Avec l’exposition Alpine Esprit Tricolore, le Musée des 24H du Mans met en lumière la relation importante entre Alpine et les 24 Heures du Mans. Si Alpine, fondée en 1955 par Jean Rédélé, a beaucoup construit son image sportive et son palmarès autour de la Berlinette A110 et les rallyes, la marque de Dieppe a aussi beaucoup couru sur les circuits et particulièrement aux 24 Heures du Mans. Le véritable retour d’Alpine dans la catégorie reine de l’endurance en 2024 avec une Hypercar était une excellente occasion de revenir sur les nombreuses pages écrites par Alpine au Mans.
L’exposition Alpine Esprit Tricolore réunit une douzaine de voitures qui ont toutes (hormis la A110) participé aux 24 Heures du Mans. Passionné de sport automobile depuis son plus jeune âge, Jean Rédélé commence à courir sur une Renault 4 CV améliorée les grands rallyes des années 1950, Monte Carlo, Mille Miles, Liège-Rome-Liège… Il court aussi sur circuit, notamment les 24 Heures du Mans. Dès 1952, il conçoit des carrosseries plus aérodynamiques, coupés et barquettes qui permettent de tirer un meilleur parti du petit moteur de la 4 CV, comme cette Renault CD avec laquelle il court en 1953 ses dernières 24 Heures du Mans.
En effet, à partir de 1955 Jean Rédélé se lance dans l’aventure de la construction de voitures de sport et de compétition, sous la marque Alpine en référence à ses succès sur les routes des Alpes. Si la A110 n’a jamais couru au Mans, elle est la voiture la plus célèbre d’Alpine, connue dans le monde entier et qui conserve de très nombreux fans. Renault ne s’y est d’ailleurs pas trompé en proposant une interprétation moderne de la Berlinette lors de la relance de la marque avec la nouvelle A110 en 2017.
L’histoire entre Alpine et Le Mans se déroule sur 3 périodes. En 1963, 10 ans après y avoir couru, Jean Rédélé revient au Mans en tant que constructeur avec la M63. Son châssis est celui de la A110, avec une carrosserie aérodynamique et un moteur Renault de 1300 cm3 conçu par Amédée Gordini. Alpine ne vise pas la victoire au classement général, mais plutôt les victoires de classe et ce qui s’appelle à cette époque l’indice de rendement énergétique qui intéresse des voitures légères et équipées de petits moteurs, et qu’Alpine remporte plusieurs fois entre 1963 et 1969. La M64 succède à la M63, puis c’est l’A210 qui réalise un triplé dans sa catégorie en 1966 et 1967, et se classe juste derrière les « gros » Ford, Ferrari et Porsche.
En 1968 et 1969, Alpine engage la A220 (tout en continuant avec la A210), qui dispose d’un nouveau V8 de 3 litres conçu par Gordini pour Renault, pour viser cette fois la victoire au classement général. Mais le moteur manquant de puissance face à la concurrence et rencontrant de nombreux soucis de fiabilité, la A220 ne connaitra pas de grand succès sportif, et 1969 sera la dernière année de présence d’Alpine au Mans, du moins pour cette première période.
Alpine se consacre aux rallyes avec la A110 évoquée plus haut, avec le succès que l’on sait. Au début des années 1970, alors que Renault a racheté Alpine quelques années auparavant, Alpine s’engage dans le Championnat d’Europe Sport-Prototype en catégorie 2 Litres. C’est avec la A441 qu’Alpine revient au Mans en 1975. L’auto est engagée par Elf Switzerland et confiée à un équipage féminin, Marie-Claude Beaumont et Lella Lombardi. L’objectif est surtout de réaliser un test en « grandeur réelle » avant de revenir officiellement en 1976 avec la A442 et son V6 2 Litre-Turbo pour viser la victoire finale.
L’objectif sera atteint en 1978 avec la A442B. La voiture se distingue notamment par la bulle ouverte au-dessus du cockpit qui permet de gagner quelques km/h en pointe au prix d’une température nettement plus élevée dans l’habitacle. Les 2 pilotes, Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud, souffriront de cette chaleur étouffante mais remporteront le graal et Alpine (ou Renault-Alpine pour être précis) l’emporte enfin au Mans ! L’objectif de victoire atteint, Renault quitte l’endurance pour se consacrer à la F1.
La 3ème période Alpine au Mans débute avec la décision de Renault de relancer la marque Alpine. Plusieurs concepts qui reprennent les lignes de l’A110 des années 1960/70 sont présentés avant la version définitive qui rentrera en production en 2018. Le retour en compétition permet de ramener le nom Alpine sur le devant de la scène. En 2013, une Oreca-Nissan rebadgée Alpine est au départ des 24 Heures en catégorie LMP2, avec le support de l’écurie Signatech. Alpine remporte 3 fois la catégorie LMP2 en 2016, 2018 et 2019. De cette période sont exposées l’Alpine A460 LMP2 de 2016 et l’Alpine A480 qui se classe 3ème en 2021, derrière les intouchables Toyota Hypercar hybride.
L’exposition se conclut par la très belle Hypercar Alpine A424 (maquette) préparée pour le retour d’Alpine au plus haut niveau. On retrouve le bleu mythique Alpine et une signature lumineuse à l’arrière avec le « A » fléché du logo Alpine. Pour sa première participation, la A424 a dévoilé de belles promesses sur la piste des 24 Heures 2024, l’une des voitures participant notamment à l’hyperpole. Gageons que les prochaines pages du livre Alpine au Mans seront aussi belles que les précédentes !
Dans une petite salle, un film retrace les différentes périodes Alpine au Mans.
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